En odorama

J’écris sur un clavier tellement usé que la moitié des touches sont effacées. Remerciez-moi (ou félicitez-moi) de réussir à trouver les accents sur ce clavier aveugle, moi qui tape déjà comme une incapable.

Je voudrais pouvoir vous envoyer des odeurs et des sons. À l’approche de Pâques, la ville devient de plus en plus fébrile. Les environs de cathédrale de La Merced débordent de marchands ambulants, qui offrent des bocadillos (sandwiches), des bijoux, des bananes plantain frites, de la barbe à papa, des tissages mayas traditionnels, des jus aux couleurs bizarres vendus dans de petits sachets de plastique, des mangues fendues de deux incisions en croix, qu’on pèle et mange comme des bananes (moi qui n’ai jamais aimé les mangues chez nous, me voici accro, je n’en ai jamais goûté d’aussi sucrées, tendres, parfumées, un vrai péché!).

Mais le plus beau, ce sont les Mayas des villages environnants qui, en prévision du dimanche des rameaux, tressent et vendent des ornements faits de fleurs, d’épis de blé, de feuilles de palmier. Les femmes portent toutes le costume traditionnel, avec une coiffe de velours qui leur permet de poser en équilibre sur leur tête des paniers immenses pleins de leur travail. Je ne me lasse pas de les observer, mais les prendre en photo relève du défi. Vous envoyer des images aussi, d’ailleurs: avec le type de connexion qu’on a ici, je n’ose même pas m’y risquer. Et c’est bien dommage parce que, aujourd’hui, il y avait la procession des enfants, les garçons en habit de pénitent violet, les filles en robe blanche. Un spectacle ahurissant!

Certains groupes de petits enfants, huit ou neuf ans à peine, portent à plusieurs, en marchant d’un pas cadencé, une énorme statue de Jésus en sang ou une vierge au regard halluciné. La fanfare qui les suit (tuba, grosse caisse, caisse claire, xylophone, piccolo, tout le toutim) joue des airs mortuaires et, derrière eux, un camion ramasse les aiguilles de pin et les pétales de fleurs qu’on a semés dans la rue avant leur passage. Jamais vu un camion de déchets sentir aussi bon! La procession parcourt toute la ville, pas moyen d’y échapper.

Il y a de l’encens qui brûle partout, la ville baigne dans un halo de sainteté et de délire religieux qui laisse songeur. Pas ici qu’on observera un mouvement d’apostasie…

Demain, je pars pour le week-end à Chichicastenango, une ville du Nord-Ouest célèbre pour son marché, le plus grand et le plus acien d’Amérique latine. Je vous en reparle…

Muchos besos

2 réflexions sur “En odorama

  1. Les aventures de Tintine au pays des mangues .Arrière plan noir = deuil de la croisade pour l’apostasie. Ben,me plaît ce fond noir …c’est classe.Le handicap du clavier n’a pas altéré ta vivacité descriptive .Bises d’ici à toi qui est ailleurs .Roberto

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