Santé mentale

J’ai reçu un courriel de l’ambassade du Canada, l’autre jour, qui invitait les coopérants à un coctel de agradecimiento le lundi 19 mars (l’invitation était trilingue, mais coctel de agradecimiento, je trouve ça plus joli que «cocktail de reconnaissance»). Je n’y ai pas fait attention. Je savais déjà que j’irais à Lima pour un forum vraiment passionnant sur la jeunesse et l’agriculture, qui commence le 22 (et dont je reparlerai sûrement). Mais je n’ai pas songé trois secondes à devancer mon départ pour assister à cette activité mondaine.

En fait, j’y ai songé, et il m’a fallu bien moins de trois secondes pour envoyer ce courriel au panier: je n’aime pas assez Lima pour y passer trois jours de trop, me suis-je dit. Et je me rends compte, à mesure que je vieillis, que les mondanités m’ennuient profondément.

Mais hé. C’était sans compter ma très chère Sarah, cette soie, coordonnatrice du programme de volontariat au Pérou, qui avait bien vu que je filais un mauvais coton depuis un petit moment.

Une soie qui reconnaît un mauvais coton, haha.

OK, s’cusez.

En tout cas, elle est forte, cette fine mouche. Elle a l’âge d’être ma fille, mais de nous deux elle est de loin la plus sage et la plus avisée. Donc, elle a insisté (à sa manière, hein) pour que j’aille à ce fameux cocktail, où elle espérait que je présenterais brièvement à l’aimable assistance le comment et le pourquoi de ma présence au Pérou.

À travers la réverbération, les parasites et tout ce qui a compliqué notre conversation, elle m’a carrément dit, à un moment donné, que ce serait bon pour ma santé mentale.

Ma santé mentale?

Il y a quelques années, cette remarque aurait été complètement déplacée, impensable, irrecevable. Je pense à certains de mes patrons à La Presse ou à la Place des Arts, qui auraient aimé mieux dealer avec un cancer des ovaires ou un mal de dents. Je serais allée voir le gynéco ou le dentiste, merci, bonsoir, on en aurait parlé ou pas, mais ça se serait arrêté là.

Je peux vous dire que les temps changent, doucement. Pour le mieux.

En tout cas, ma Sarah a dit ce qu’il fallait. Le simple fait qu’elle évoque mon moral m’a ranimée. Je me suis sentie tout à coup moins seule. Et elle m’a fait réaliser deux choses: en fin de compte et premièrement, j’ai besoin de sortir de Caraz. Deuxièmement et pour commencer, je ne connais pas Lima tant que ça, on a droit toutes les deux (la ville et moi) à une deuxième impression.

Ça fait que je pars dimanche soir pour Lima par le bus de nuit. Je me suis offert l’équivalent de la première classe, qui coûte la somme folle de 80 soles (soit environ 32$), avec des sièges qui se convertissent en lits, ni plus ni moins.

Je vais passer la semaine là-bas, et voilà que, mis à part ce fameux forum où je retrouverai avec joie tous mes collègues, j’ai repéré un musée du textile tout près de l’ambassade. Si je disparais sans laisser de trace, c’est là qu’il faudra me chercher.

Ensuite je prendrai un autre bus de nuit de Lima à Trujillo, troisième ville en importance au Pérou et, dit-on, l’une des cités coloniales les mieux préservées du pays. Et je passerai la semaine à Huanchaco, tout près de Trujillo, d’où je pourrai visiter plein de lieux magnifiques et pleins d’histoire(s).

Ça fait que tout va bien, finalement.

Merci, Sarah.

Une réflexion sur “Santé mentale

  1. Seule? On n’est jamais aussi seul qu’on le croit. Notre esprit se limite parfois à ce que nos yeux voient, nos yeux ne voient pas tout. Nous sommes tout de même nombreux à vous lire et vous vivez certaines choses en notre nom… par procuration (rire). Vos aventures ne sont pas vaines. C’est avec un p’tit sans gêne, je l’avoue, qu’on s’accapare de vos exploits. Voilà une autre bonne raison pour vous lire.

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