En plongée

Ça fait que me voici hospitalisée à Huaraz depuis vendredi pour une forte fièvre qui durait depuis cinq jours. Oui, bon, cinq jours mais pas TOUTE la journée. Enfin, pas au début. On m’a d’abord diagnostiqué une fièvre paratyphoïde B, mais des tests plus poussés ont rejeté cette hypothèse. Comme je ne peux pas écrire beaucoup, notamment pour cause de perfusion dans le pli du coude qui m’empêche justement de le plier, ce coude, je vous mets ce que j’ai publié jusqu’ici sur Facebook. Désolée pour ceux d’entre vous qui auront déjà lu tout ça.

SAMEDI, 14h11 (après un mouvement de panique suscité notamment par mon frère au bout de 12 heures de silence, dont huit de sommeil — mon frère est un grand inquiet)

Les amis! Pas de panique s’il vous plaît. Je suis entre bonnes mains, on va me faire tous les examens possibles pour trouver la raison de cette fièvre, l’hôpital est très bien, mes collègues se relaient à mon chevet et je parle chaque jour avec les gens de SUCO.

Je n’écris pas beaucoup parce que je ne peux pas plier le bras gauche à cause du soluté (on n’a pas trouvé de veine ailleurs que dans le pli du coude).

Voilà.

Je vous tiens au courant s’il y a du nouveau.

SAMEDI, 20h26

Mon vocabulaire espagnol du domaine de la santé est en train de s’enrichir, vous crèèriez pas ça. Y a des avantages à tout.

DIMANCHE, 15h37 (un peu excédée par ma dieta blanda)

Saviez-vous ça, vous autres, que boire de l’eau froide, c’est DANGEREUX?

Ma mère nous disait ça quand on était petits. Elle disait aussi qu’on pouvait attraper la polio (ou la diphtérie?) si on se baignait dans un lac avant le 24 juin, la diphtérie (ou la polio) si on mangeait des pelures de banane (ne me demandez pas pourquoi on aurait fait ça) et que manger des patates crues donnait des vers.

Mais on n’est plus en 1965, là. Adelante, Perú!

LUNDI, 16h14

On attend toujours les résultats des tests. Quand le mot «patient» prend tout son sens.

Et oui, c’est un cliché tellement éculé que, dans mes années de correctrice, j’aurais fouetté le journaliste qui m’aurait pondu ça.

Mais après plus d’une semaine de surchauffe extrême à une température constante de 39 degrés, mon cerveau a des courts-circuits.

J’en peux juste pu. J’ai envie de mordre les infirmières. De me déshabiller tout-nue dans le corridor et de me vider le bidon d’eau minérale sur la tête en hurlant. De lancer mes plats sur le mur. De chanter «En revenant de Rigaud» à tue-tête en pleine nuit.

MARDI, 14h38, avec une photo similaire à celle qui coiffe cet article:

La bruxellose et le cytomégalovirus ayant été éliminés de la liste des suspects, j’ai décidé de me mettre à la plongée sous-marine pour passer le temps d’ici à ce qu’on trouve ce que j’ai.

Sans blague, on soupçonne une pneumonie. Je passe un scan ce soir. J’ai jamais tant souhaité avoir une maladie de ma vie.

MARDI, 18h

Mes amis, je m’ai toute trompée tantôt, la piste du cytomégalovirus n’avait point été écartée pantoute. C’est lui le coupable, dans la salle à manger avec le chandelier (que ceux qui n’ont jamais joué à Clue prennent une douche glacée pour avoir cru que la démence venait de m’attaquer par derrière dans la bibliothèque avec la matraque).

En un mot comme en trois, j’ai ça. Le cytomégalovirus.

La tomodensitométrie a également révélé une pneumonie interstitielle.

On en saura plus demain avec le rapport du radiologue.

Il reste à déterminer si la pneumonie est bactérienne et peut se soigner avec des antibiotiques (j’espère que oui).

Voilà, nous sommes fixés.

À partir de là, comme disent nos amis les Anglais, it’s all downhill. Ça va aller tout seul. Ou presque.

Depuis que j’ai compris que, ici, à l’hôpital, il faut se plaindre et réclamer, je suis très bien soignée. Mes collègues sont incroyables de prévenance et de gentillesse, je me suis découvert à Caraz une amie indéfectible, la nourriture est bien meilleure que dans n’importe quel hôpital québécois (vous me direz que c’est pas dur à battre)… Bref, ne vous inquiétez pas. Je vais survivre.

AUJOURD’HUI, au fil de la journée:

Voilà. Je ne vous copie pas les bas de vignettes, je suis au bout de mon rouleau.

Excusez les «fantaisies» de mise en page, pour la même raison.

Hasta pronto.

7 réflexions sur “En plongée

  1. D’abord, laissez-moi vous dire que vous êtes chanceuse d’avoir un frère qui se préoccupe de vous et aussi d’avoir tous ces amis autour de vous. Ainsi, plusieurs soucis, pouvant être majeurs, sont évités.

    Ensuite, médicalement parlant, vous semblez être entre bonnes mains. On vous soignera et vous vous porterez mieux que jamais, nul doute. En vous examinant, il arrive que l’on décèle d’autres petites « anomalies » et qu’on les soigne. De plus, cesser complètement ses activités pendant un certain temps est sain, pour le corps et l’esprit.

    Nous retrouverons une nouvelle Fabienne revigorée! Profitez des soins qu’on vous prodigue, laissez les autres s’occuper de vous, vous donnez beaucoup aux autres, faut savoir recevoir.

    Bonne journée!

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  2. Bonjour Robert,
    Il y a des moments où le découragement et l’inquiétude me submergent, car je ne vois pas d’amélioration. La fièvre est constante et grimpe à 39 dès qu’on oublie de renouveler le paracétamol par intraveineuse. Et ça arrive régulièrement. Si je pouvais m’abandonner aux soins en toute confiance, ce serait déjà autre chose, mais je dois tout surveiller et ça m’épuise.
    Bref, j’ai vachement hâte de sortir d’ici.

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  3. Décidément, chère Fabienne, ton voyage au Pérou t’auras amenée dans des contrées que tu ne pensais visiter… Laisse à ton corps le temps de se relever. Je t’envoie mes bonnes ondes. Bien affectueusement,
    Jo

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  4. Chère Fabienne,
    Je comprend que tu trouves le temps long à l’hôpital depuis une semaine…j’espère que tu vas reprendre le dessus rapidement.
    Continue de donner des nouvelles…on s’inquiète un peu quand même (Ok, la bouffe est bonne, mais est-ce que les soins sont à la hauteur?). Je ne veux pas être alarmiste, mais est-ce que les gens de SUCO considèrent la possibilité de te transférer dans un hôpital universitaire de la capitale — ou de te rapatrier au Québec — si les traitements ne font pas effet assez vite?
    Je t’embrasse 😘

    Sylvie

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  5. Fabienne,

    À travers vos écrits où l’humour est toujours présent, intelligent et apprécié, nous distinguons ce qui ne se vit pas facilement. Votre plume est intelligente, vous communiquez bien le message sans nécessairement tout écrire.

    Vos lecteurs sont compréhensifs, intéressés, souhaitent être impliqués. Quand surviennent des moments difficiles ou pénibles (fièvres constantes, sentiment d’impuissance, le désir frustrant de vouloir sortir…), n’hésitez pas à nous le dire, brutalement s’il le faut. cela ne peut que faire du bien, vous n’êtes pas laissée à vous-même. Bien que nous puissions être malhabiles, cela ne doit pas vous empêcher de demander de l’aide ou du réconfort.

    Tâchez tout de même de vous reposer et gardez-nous informés, nous y tenons.

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