Comme un épilogue

J’ai atterri hier matin à Montréal après un vol qui, fût-il en classe affaires, m’a paru interminable. J’étais accompagnée d’un jeune infirmier qui a consciencieusement pris mes signes vitaux aux trois heures. Il n’a pas eu à utiliser le compresseur dont il était muni, mes poumons ont bien fait leur travail. Pour un peu, je serais fière de moi!

Je suis chez mon fils et sa douce, bien en sécurité dans leur grande maison à Saint-Eustache, en attendant que mon appartement se libère. Je suis si heureuse de les voir chaque jour, ça m’enlève tout sentiment d’urgence ou d’impatience.

Bien sûr, j’ai hâte de faire mes boîtes à fleurs, de marcher dans les rues toutes fleuries de mon quartier, mais ça viendra quand ça viendra.

Je renoue avec les petits plaisirs sur lesquels je me concentrais pour me donner du courage quand j’étais sous respirateur: un café au lait bien mousseux. Un bagel au fromage à la crème et à la confiture dégoulinant de beurre fondu. Des toasts aux cretons. Un verre de vin blanc très frais. Ces petites choses-là, auxquelles on ne pense pas d’ordinaire, tant elles sont ordinaires, justement.

Je viens d’aller marcher un peu dans le grand dehors. Derrière la maison, il y a un petit réseau d’étangs avec des jets d’eau, c’est très joli. J’ai écouté avec délice le cri des carouges, observé les acrobaties d’une hirondelle, respiré le parfum du trèfle, senti la douceur du vent sur ma peau. J’ai en tête cette vieille chanson de Ferrat, vous savez?

Sincèrement, je crois que je ne serai plus jamais la même.

8 réflexions sur “Comme un épilogue

  1. Ben oui, t’as passe proche ma soeur. Repose toi bien, après tout ca! J’espère qu’on pourra se voir bientôt. Je vais en semaine de congé avec Bill la semaine prochaine, on se parle bientôt okay?

    Grosses bise, je suis vraiment soulagée que tu sois mieux.

    Paula

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  2. Ça me rappelle quand tu as survécu à l’avalanche. Je me souviens que je n’avais pas réalisé, avant de te parler, à quel point tu avais passé proche.
    On a eu de la chance, toutes les deux.
    Il faut arrêter de laisser passer le temps en croyant qu’on l’a devant nous. Il ne nous appartient pas et il fait de nous ce qu’il veut. Ça fait que je veux te voir. NOW.
    Dans n’importe quelles circonstances.

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  3. Plus la même… dans un sens c’est vrai.

    La routine quotidienne et le tourbillon incessant de la vie nous font perdre de vue l’essentiel. Votre expérience vécue vous protégera contre cette « cécité » involontaire. Le plus difficile sera d’accepter qu’il en va autrement pour la plupart des gens. L’important c’est vous et ce n’est pas égoïste de penser à soi, de chérir votre propre vision du monde, de la partager sans attente.

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  4. Cher Robert que je ne connais pas,
    Déjà, quand je suis rentrée de mes 10 mois au Bénin, je me sentais étrange et étrangère, et je n’ai plus été la même.
    Je suis encore moins la même, pour des raisons différentes mais plus profondes. Et à partir de maintenant je crois que «la même» n’existera plus jamais. Et c’est très bien. Même si ça risque d’être plus difficile, ce sera certainement plus vrai.

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