Des nouvelles

Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas facebookiens, je résume le dernier mois. Je me suis étrangement remise à avoir de la fièvre peu de temps après avoir réintégré mon ô combien sweet home. Ce que voyant, j’ai obtenu providentiellement rendez-vous avec mon adorable nouvelle doctoresse, laquelle a demandé des analyses sanguines. Les résultats l’ont alarmée au point où elle m’a intimé l’ordre de me rendre illico à l’hôpital — donc aux urgences. Je savais que j’allais passer une éternité à attendre qu’un médecin daigne enfin m’examiner (six heures en l’occurrence, mais accompagnée par mon indéfectible amie Madeleine, que je ne remercierai jamais assez), mais bon, fôskifô.

Je passe les détails, mais en fin de compte j’ai été hospitalisée pendant une semaine. Le premier soir, on m’a pris 18 ampoules de sang pour analyse (18, pour vrai, je les ai comptées) et on m’a fait un scan des poumons avec contraste, ce qui veut dire qu’on t’injecte de l’iode dans les veines pour mieux voir. Tu peux sentir le goût de l’iode dans ta bouche et une chaleur envahir tes parties les plus intimes (donc les plus vascularisées), c’est vraiment étrange.

Après, la fièvre est partie comme elle était venue. On m’a quand même gardée à l’hôpital, j’ai mangé des trucs dégueulasses, je me suis ennuyée comme les pierres du chemin, mais au moins on avait la clim pendant la pire canicule de l’été.

En tout cas, j’ai fini par voir une pneumologue, laquelle m’a fait une bronchoscopie, un examen qui me terrorisait, au cours duquel on te glisse une microcaméra dans les poumons. Mais, conseillée par mon amie Marie, j’avais pris soin de dire à la pneumologue et à son bataillon que j’étais totalement moumoune et stressée, si bien qu’elle m’a abondamment droguée au Fentanyl et au Versed. Je n’ai rien senti, même que j’en aurais pris un peu plus.

En tout cas.

Résultat des courses: je n’ai rien. Plus rien.

J’ai bel et bien eu ce méchant virus, qui a permis à la pneumonie de s’inviter, et il me reste à récupérer de tout ça. Mais objectivement, je suis guérite, comme j’aime à dire.

Ça fait que, mercredi, j’ai sauté dans ma petite nouvelle vieille auto (une Yaris 2007 bleue que j’ai payée 3500$) et j’ai roulé d’une traite jusqu’à Hébertville, au Lac-Saint-Jean, pour aller voir mon taciturne de frère et ma chère belle-soeur, et prendre un grand «respir» (soupir, respir, c’est logique, non?) de bon air.

Je n’étais pas certaine d’avoir l’énergie de faire ces presque 500 km le même jour, mais avec les «40 chansons d’or» de Charles Aznavour (que j’accompagne à tue-tête), un arrêt pipi-café à Donnacona et une pause au belvédère de la rivière Apica, dans le parc des Laurentides, j’ai fait ça comme une pro.

Ça fait que je suis à Hébertville, chez mon frère Charles, qui a 13 mois de moins que moi. Enfants, nous avons beaucoup joué ensemble, bâti des cabanes dans le bois ou au sous-sol de la maison familiale, capturé des têtards au lac des Grenouilles, glissé dans la côte des Mères à la brunante, fait de la raquette, construit des forts de neige, pêché la truite avec notre père, exploré l’écurie de l’ancien camp de bûcherons où se trouvait le «shack» de pêche.

Je crois qu’il se souvient de peu de choses de ces moment qui sont pour moi si précieux. Nos chemins ont divergé. Très jeune, il a peut-être ou probablement voulu s’extraire de notre famille sclérosée et s’est fait adopter par celle de sa blonde. J’ai fait la même chose. Ma soeur Paula aussi, à sa manière. Nous avons tous fui, en fait, quand j’y pense.

Je ne sais pas pourquoi je suis la seule dépositaire de ces souvenirs d’enfance.

Tous, ils croient que je les invente ou, à tout le moins, que je les enjolive.

Mais non. J’ai vraiment bonne mémoire.

En tout cas, je suis en ce moment chez mon frère Charles. Je me sens bienvenue. Je fouille dans le frigo si j’ai faim. Je me fais du café quand j’en veux. Je plonge dans la piscine si ça me tente. Je lis. Je jase (ou pas) avec Hélène. Je capote sur ma petite-nièce, Maëlle, qui a 11 mois et qui me fait fondre. On mange des légumes du jardin. J’ai cueilli hier assez de framboises pour faire huit pots de confiture. Normalement, je peux faire le triple, mais une heure de cueillette m’a épuisée.

J’en ferai une autre demain, de cueillette. Debout, penchée, accroupie, c’est bon pour ce que j’ai.

Pis la confiture aussi!

5 réflexions sur “Des nouvelles

  1. Je suis heureuse du dénouement de ton épopée et J’aimerais bien saluer mon cher Charles dont je garde un si bon souvenir xxxx. Claire

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  2. Bien heureux de lire enfin l’épilogue de cet inquiétant épisode. Cela dit, une partie de tes souvenirs ravivent les miens; les glissades dans la côte sos près de la rivière Langevin, les baignades à la piscine Murdock jusqu’à épuisement complet, les excursions dans les bois près de chez-nous et pendant lesquelles faire chauffer une boîte de soupe sur le feu relevait de la gastronomie… Et tout ça en compagnie de ton frère Charles. Alors s’il ne te croit pas, dis-lui de m’écrire! Et je me rappelle aussi du petit pincement au coeur que votre départ pour la pêche m’a laissé : Dominique, toi et ton père…partant pour une aventure dont je ne pouvait faire parti.
    Bref, salutations caniculaires et germaines ( forêt noire,,,) à toi, Charles et sa famille.

    bisous
    eric

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    • Cher Éric,
      Quel plaisir de te lire! La côte SOS, mon Dieu! Tes souvenirs ravivent aussi les miens!
      Je transmettrai ton message à Charles, qui n’est pas plus un «écriveux» qu’un «parleux». Mais ça lui fera plaisir, j’en suis certaine.
      Je t’embrasse bien fort.

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