Épilogue

Dire que j’ai failli refuser d’accompagner ma chère amie Marianne et sa famille en Équateur parce que j’avais peur d’avoir trop chaud aux Galápagos!

Je craignais aussi, dois-je l’avouer, que l’Équateur me rappelle un peu trop le Pérou et la mésaventure que j’y ai vécue, qui m’a laissé un traumatisme assez durable.

Quelle erreur ç’aurait été!

Durant ces trois semaines, j’ai inlassablement joué dans les vagues du Pacifique avec une petite Layla complètement drôle et abandonnée (elle si timide et réservée d’habitude); j’ai fait du snorkel autant que j’ai pu, j’ai marché à des altitudes de 3500, voire 4000 mètres sans le moindre malaise. Mal nulle part (NULLE PART!), full énergie, joie et bonne humeur.

Or, hier, premier jour de mon retour à la maison, je me suis péniblement traînée jusqu’au supermarché, en boitant presque. Toutes les articulations dont j’avais oublié l’existence se sont brutalement rappelées à ma mémoire.

J’ai mal partout.

Je vais finir par croire que le climat du Québec ne me vaut rien et que je devrais passer mes hivers ailleurs.

Ça pourrait très bien être en Équateur, si ce c’était pas si loin. C’est un pays magnifique, riche de tout et d’abord de ses gens, pour ce que j’en ai vu: aimables, pacifiques, d’une gentillesse et d’une générosité extraordinaires.

Mais oui: pacifiques.

Ma très parisienne amie Michèle, au vu d’un article lu dans le quotidien Le Monde, me demande comment nous avons pu nous déplacer sans inquiétude malgré la violence qui semble régner là-bas.

Cette violence, bien réelle par ailleurs, ne m’a pas inquiétée une seule seconde parce que, comme le dit bien l’article cité ci-dessus, elle s’exerce surtout dans les prisons entre gangs rivaux, ou contre des politiciens en vue, et surtout sur la côte, dans les environs de Guayaquil, d’où partent les cargaisons de drogue pour les États-Unis et, éventuellement, le Canada. Je n’ai pas songé une seule seconde que j’aurais pu être victime de quoi que ce soit là-bas.

J’ai quand même remarqué que, en voiture, les gens ferment les fenêtres et verrouillent les portes quand ils circulent dans des zones plus peuplées, de peur de se faire attaquer et voler.

C’était un peu comme ça en Colombie, quand nous y sommes allés Pierre et moi, il y a plusieurs années: toutes les personnes à qui nous parlions nous mettaient en garde contre des dangers potentiels de leur propre pays, mais nous n’avons jamais senti le début du commencement d’une esquisse de menace de danger. Sauf une fois, assez terrible, et je crois voir que je n’ai jamais raconté cette histoire dans mon blogue.

Ce sera pour la prochaine fois.

D’ici là, amig@s, je vous embrasse et je me mets au lit.

Cuicocha, Cotacachi, Quito… et la fin

Dimanche, donc, visite de la laguna de Cuicocha, un lac volcanique assez impressionnant qu’on atteint par un chemin presque confidentiel. Il y a là une jolie randonnée à faire, mais nous nous sommes contentés d’observer le paysage depuis le belvédère, et d’acheter quelques menus objets aux kiosques qui le bordent.

Je n’ai pas pu résister à un couple de poupées en costume traditionnel, non plus qu’à une paire de jolies espadrilles rouges cousues main — de vraies espadrilles en coton avec une semelle de corde, comme celles que portent les femmes ici et qu’on peut acheter en Espagne à un prix prohibitif.

Puis, visite de la petite ville de Cotacachi, adorable, bien plus plaisante et plus authentique qu’Otavalo. Hommes et femmes y portent fièrement les habits traditionnels, et c’est si beau que, pour un peu, j’en aurais pleuré.

Je suis également fascinée par l’architecture des maisons bourgeoises, directement inspirée de celle des riads qu’on voit au Maroc, et qui a voyagé jusqu’en Amérique via l’Espagne. Le fait que les Espagnols aient tenu mordicus à implanter partout ce modèle pourtant peu adapté au climat andin montre à quel point ils se croyaient chez eux.

Quito

Je confesse que j’ai eu du mal à aimer cette ville tentaculaire qui pue le gaz d’échappement et qui, mis à part le centro historico, est d’une laideur assez consternante malgré le paysage fabuleux au milieu duquel elle est nichée. Illustration saisissante des ravages de l’étalement urbain, des immeubles de béton sans âme, serrés les uns contre les autres, grimpent à l’assaut des montagnes environnantes comme une lèpre incurable. Il ne reste rien, dans ces quartiers, de la verdure qui tapisse encore les sommets de ces anciens volcans.

Il faut dire que j’étais assez malade depuis deux jours, probablement à cause d’une malheureuse cuisse de poulet mal cuite. Ça peut freiner l’enthousiasme, disons.

J’étais avec Amanda, la soeur d’Alejandro, qui connaît son Quito comme la paume de sa main et qui a eu la gentillesse de m’emmener en voiture.

Nous avons visité force églises et monastères, et, après une telle dose de Christs sanguinolents, de vierges éplorées, de pilastres rococo recouverts à la feuille d’or et de légendes de saints morts dans un tel état de grâce que leur corps échappe à la putréfaction (alors que le mien, bien vivant, semblait justement vouloir s’y abandonner), après, donc, une telle débauche de richesses et d’extravagances, j’en ai eu assez et j’ai crié grâce.

Aussi bien, il commençait à pleuvoir, comme souvent les fins d’après-midi dans la région andine.

Nous sommes donc rentrées à la maison, où Martha, avec son habituelle et inextinguible gentillesse, nous a servi à manger (riz et plantain pour moi vu mon état, ça m’a rappelé Haïti).

Maintenant, je suis vannée. Ma valise est faite, elle me promet de dépasser le poids maximum permis et je devrai donc payer un supplément. Si on me pesait avec elle, je suis certaine que ça rétablirait la moyenne, mais ce n’est pas encore dans les moeurs de Copa. J’imagine que ça viendra, tant cette compagnie lésine sur tout.

Dans le prochain billet, à la demande de mon amie Michelle, je parlerai un peu de sécurité.

D’ici là, buena noche a todos y todas!

« Ley seca » et coupures de courant

La Ley seca, c’est une loi qui, en Équateur, interdit la vente et la consommation d’alcool 36 heures avant le jour d’un scrutin ou d’une consultation populaire. L’interdiction s’étend au jour du vote lui-même et se termine à midi le lendemain. Donc, en l’occurrence, elle dure depuis vendredi à midi et s’éteindra lundi à la même heure.

Le communiqué ci-dessus explique que la police exercera des contrôles accrus durant cette période et que toute personne qui se fait prendre à vendre, à distribuer ou à consommer de l’alcool se verra infliger une amende de 230$US, soit la moitié du salaire minimum, qui est de 460$ par mois.

Dura lex, sed lex, comme disait ce vieux Jules César (« la loi est dure, mais c’est la loi »). Ce qui est drôle, c’est que le mot sed, en espagnol, signifie « soif ».

Par ailleurs, il n’y a pas que la loi qui soit seca: les barrages hydroélectriques du pays le sont aussi. Résultat: le gouvernement a décrété des coupures de courant tournantes d’une durée qui semble fort aléatoire d’une région à l’autre.

Chez Julio et Martha, en banlieue de Quito, les feux se sont éteints à minuit le soir de notre retour des Galápagos pour se rallumer à 14h le lendemain.

Hier, nous sommes arrivés à 18h à notre auberge d’Otavalo, qui était privée de courant depuis 16h. L’électricité n’est revenue qu’à 9h ce matin, et on doit la perdre de nouveau ce soir à 21h*.

Comment voulez-vous fonctionner, comme aubergiste ou restaurateur?

Heureusement, il pleut comme vache qui pisse dans plusieurs régions de la Sierra, ce qui devrait rétablir un peu la situation (ou pas).

Otavalo

J’attendais beaucoup de notre visite dans cette ville autrefois petite, à quelque trois heures de route de Quito, dans une région majoritairement habitée par des Indígenas et des volcans endormis.

Il y a là un marché d’artisanat dont on dit le plus grand bien dans tous les guides.

Je voulais acheter un tissage, une écharpe, voire un poncho, en laine ou en alpaga.

Hélas, trois fois hélas, tous ou presque vendent la même camelote en acrylique probablement faite en Chine ou, au mieux, dans des ateliers de misère quelque part dans la Sierra, et plusieurs prétendent que c’est de l’alpaga. Il faut s’y connaître pour déceler la supercherie, évidemment, et je suppose que nombreux sont les Gringos qui se font avoir.

Je n’ai donc pas trouvé ce que je cherchais, mais j’ai quand même eu le plaisir de placoter un peu avec un artisan du nom de Santiago, une vraie belle âme, à qui je n’ai pu qu’acheter l’un des très jolis bijoux qu’il fabrique lui-même. Je regrette vraiment de ne pas avoir pris sa photo pour me souvenir de sa bonne et belle tête.

Quels que soient leurs arguments de vente, en tout cas, les gens ici sont toujours d’une gentillesse et d’une douceur infinies. Ça m’impressionne toujours.

Et puis ne me lasse pas d’observer la mise des femmes, leurs blouses brodées, leurs longues jupes de laine sombre, leurs ceintures tissées, leurs colliers multiples, leurs sourires souvent émaillés d’or.

Peguche

Nous sommes ensuite allés voir la chute de Peguche, à quelques minutes d’Otavalo. L’orage grondait dans un ciel presque violet au-dessus des montagnes, ça sentait l’eucalyptus et la chlorophylle, j’ai embrassé un arbre immense et nous sommes rentrés cahin-caha, secs comme la loi: l’orage a passé au loin.

Demain, visite de la laguna de Cuicocha, à une petite demi-heure d’Otavalo. On nous annonce le déluge, mais les prévisions météo, ici, tiennent rarement la route. Ce sont les montagnes qui décident!

* Il est 21h30 au moment où je publie ce billet, et l’électricité tient bon. Pourvu que ça dure jusqu’après le déjeuner…

Plage, tortues géantes et encore les otaries

Aujourd’hui, dernier jour aux Galápagos (ce sera déjà hier pour bon nombre d’entre vous qui me lisez, puisqu’il est 21h ici, donc 23h au Québec et 5h du matin en France).

Bref, nous sommes arrivés lundi à l’île de San Cristóbal. Fredy, le chauffeur de taxi qui nous a emmenés à notre hôtel, s’est révélé un guide fantastique. Il connaît son île comme personne et il est intarissable à ce sujet. C’est comme ça que nous avons recouru à ses services aujourd’hui pour nous conduire à la superbe plage de Puerto Chino, avec arrêt à un (autre) centre d’élevage de tortues.

Mais ce centre-là nous a paru le plus intéressant des trois que nous avons vus, sans doute parce que ces bonnes vieilles bêtes y vivent en semi-liberté, dans un milieu plus « naturel » que dans les centres de Santa Cruz et d’Isabela.

Je crois d’ailleurs que l’île de San Cristóbal est ma préférée parmi les trois où nous avons posé le pied (je n’ose pas affirmer que nous les avons visitées, nous n’en avons vu qu’une infime partie).

Il faut dire que sa « capitale » (en fait la seule ville de l’île), Puerto Baquerizo Moreno (3500 habitants), est aussi le chef-lieu de la province des Galápagos. Elle a donc bénéficié d’importants investissements. On y trouve notamment un centre d’interprétation fort bien fait sur l’histoire de l’archipel, ses particularités et les efforts de conservation qu’on y déploie.

On dirait par ailleurs que le tourisme est moins envahissant ici qu’à Santa Cruz, mais ce n’est probablement qu’une question de temps.

Quant à la plage de Puerto Chino, sur la côte est de l’île, je ne saurais vous en dire assez de bien.

Vagues immenses, eau turquoise, sable blanc et fin comme farine, pierres noires tout autour…

* * *

Pour notre dernier souper aux Galápagos, nous avons dépensé en fous dans un resto branché: sushis et bol poké, fishburger pour les petites, bouteille de vin à 40$US (la moins chère), rien d’écuatorien là-dedans. Ça nous a changés des menus qu’on trouve partout à 6$US pour une soupe, un plat de viande ou de poisson inévitablement accompagné de riz et de patacones (des tranches de plantain frites), une micro-salade et un jus de fruit frais.

Nous avons encore ce soir passé un temps indéterminé à observer les comportements des otaries qui habitent sur la plage principale, en plein « centre-ville ».

Je dois dire que ces bêtes sont infiniment plus sympathiques et rigolotes quand on les voit seules dans l’eau qu’en groupe sur terre.

Sur terre, ça aboie, ça grogne, ça tousse comme de vieux fumeurs, ça éternue, ça pète, ça geint et ça bêle; les petits passent un temps infini à chercher leur mère, essaient d’en téter une au hasard et, quand ce n’est pas la bonne, celle-ci le chasse impitoyablement en grondant, toutes dents dehors. On ne voit par contre jamais une mère à la recherche de son petit.

VOYONS?!

Il paraît que la mère allaite le petit pendant 11, 12 mois, et que ce n’est qu’alors que ce dernier va apprendre à nager.

Durant tout ce temps, la mère peut partir de 12 à 72 heures à la recherche de nourriture, et le bébé reste là, sur la plage, à l’attendre.

En tout cas.

On part demain pour Quito, adiós Galápagos.

Nouveaux amis

Nous sommes arrivés à San Cristóbal aujourd’hui après deux heures de bateau depuis l’île de Santa Crúz. Ce matin, les autres sont allés à la plage de Tortuga Bay, mais j’ai eu la flemme de marcher jusque là-bas. Alors je suis retournée à la petite plage où j’étais allée hier. Voici les nouveaux amis que je m’y suis faits.

Un crabe qui joue à cache-cache
Bien camouflé (ou presque)
Les deux ensemble
Colonie d’otaries à l’île San Cristóbal

À Santa Crúz

Nous avons pris le bateau hier à 15h, dans une cohue assez folle. Je n’ose pas imaginer ce que ça peut être en haute saison.

Je l’ai dit dans mon billet précédent, je le répète: le pire ennemi des Galápagos est l’homme.

Mais j’ai eu aujourd’hui une conversation assez intéressante avec un quidam rencontré sur une petite plage où je m’étais arrêtée après ma visite de la Station Charles Darwin.

Le gars, qui est un authentique hippie équatorien, me disait que oui, bien sûr, les humains ont apporté aux Galápagos des fourmis, des chèvres, des rats, des ci et des ça, mais est-ce que les humains ne font pas partie de l’évolution des espèces?

Là, me dit-il, on est en train d’essayer de réparer ce que l’arrivée des humains a causé comme dommages. Idéalement, on devrait bannir les humains de l’archipel. Mais en même temps, on les emmène par milliers pour venir voir ce qui est en train de mourir à cause de leur propre présence.

On a parlé comme ça lui et moi pendant une bonne heure.

Et puis quand mon maillot (que j’avais apporté au cazoù) a été sec, j’ai remis ma p’tite robe et mon chapeau, je lui ai dit adios et je suis rentrée bien tranquillement, à pied, dans cette chaleur de four à pain que je croyais ne plus jamais pouvoir supporter.

Dire que j’ai failli refuser de venir ici parce que j’avais peur de souffrir de la chaleur!

* * *

On a soupé hier dans un resto dégueulasse. Marianne et Layla ont été malades toute la journée.

On espère que tout le monde ira mieux demain.

Moi, j’ai rien.

Juste de la joie dans mon coeur.

Adios Isabela

On quitte l’île d’Isabela demain, direction Santa Cruz, l’île où tout le monde atterrit, la plus peuplée, celle où on ne fait que passer. Nous ferons de même, puisque nous n’y séjournerons que deux nuits.

Mon Lonely Planet me dit qu’on a tort, et je veux bien le croire, sauf qu’on ne peut pas tout faire en 10 jours.

Après Santa Cruz, nous irons donc passer trois ou quatre jours dans l’île de San Cristóbal, d’où nous reprendrons l’avion pour Quito.

Isabela nous a comblés. Cherchez un endroit au monde où, au cours d’une simple baignade, vous pouvez vous retrouver soudain entouré d’une trentaine de manchots qui ont décidé que c’était l’heure du dîner, et qui vous frôlent et vous passent parfois même entre les jambes dans leur course aux petits poissons, tandis que les pélicans font des piqués du haut des airs.

Ce matin, j’ai été rattrapée dans mon innocente excursion en tuba par une tortue marine, qui m’a doublée sur ma droite de si près que j’aurais pu la prendre par le cou pour lui faire un bisou (mais j’ai pas osé).

Une otarie est aussi venue faire sa fraîche tout près de moi. « Regarde comme je suis habile et toi pataude, hein? Tu viendras encore te moquer de moi et de ma façon de me déplacer sur terre? »

Et elle se tourne et se retourne, me montre son joli ventre, fait la torpille et revient au bout d’une élégante ellipse me narguer encore avec ses moustaches de vieux monsieur.

Dans ces formations volcaniques labyrinthiques, j’ai pu observer une dizaine de requins qui faisaient la sieste sous une anfractuosité de pierre de lave, et trois malheureux hippocampes accrochés à une racine de mangrove — je dis malheureux parce qu’ils ne sont qu’eux trois et que tous les guides savent où ils se trouvent. Pas moyen d’avoir la paix.

Car en effet — et qui s’en étonnera? —, le pire ennemi des îles Galápagos et des espèces qui y (sur)vivent, comme d’habitude, c’est l’homme. On déploie maintenant des efforts inouïs pour rétablir les populations de tortues terrestres, qui sont menacées par les chiens, les chèvres, les ânes, les rats et les fourmis, toutes des bestioles qui ont été amenées dans l’île par le pire prédateur que la Terre ait connu.

Ça donne à réfléchir.

D’aucuns pourront dire que le tourisme contribue à ce fiasco en persistant à prendre l’avion alors que tout nous hurle qu’il faudrait cesser. C’est vrai. Je plaide coupable, votre honneur.

Mais il y a des facteurs atténuants. Je voyage modestement, je dépense mon argent dans des commerces locaux qui en ont bien besoin au lieu d’hôtels et de croisières de luxe…

Jugez-moi si vous voulez.

* * *

Maintenant, quelques infos pratiques au sujet des îles (ou en tout cas d’Isabela):

— Tout coûte beaucoup plus cher que sur le continent, pour la raison bien simple que tout doit arriver ici par avion ou par bateau.

— Pratiquement aucun commerce — ni agence de tourisme, ni hôtel, ni resto, ni épicerie, ni même les agences gouvernementales qui perçoivent les taxes portuaires ou de séjour— n’accepte les cartes de crédit, et le seul guichet automatique de Puerto Villamil ne permet que des retraits de 200$ à la fois, tout en facturant au passage des frais de 4,60$US. Apportez du cash!

— Les tarifs des taxis, du moins pour les courtes distances, sont souvent calculés par personne (bizarre, mais c’est comme ça). Une course jusqu’au centre de conservation de tortues géantes (2km, ou 5 minutes) nous a coûté 5$ alors qu’un chauffeur nous en a demandé autant pour nous emmener du port à notre hôtel (1km) et qu’Alejandro a payé 1$ pour la même course. Demandez le tarif avant d’embarquer, comme ça, vous saurez à quoi vous en tenir.

— Oui, on prend des taxis pour faire 1 ou 2 km, parce qu’il fait terriblement chaud et que le soleil tape d’une manière inimaginable. J’ai lu quelque part que l’indice UV ici peut atteindre 12. Apportez des vêtements longs — aucune crème solaire ne peut vous protéger adéquatement contre ça — ou oubliez toute activité extérieure le moindrement exigeante entre 10h et 15h, ou les deux.

— Essayez le pain aux bananes de la pâtisserie-boulangerie Espiga Dorada, c’est une tuerie.

— Il y a un petit marché public dans le centre, mais arrivez de bonne heure si vous voulez des fruits frais. Les hôtels et les restos raflent tout aux aurores. Sinon, vous trouverez aisément des bananes et des papayes un peu partout.

— La consigne sur les bouteilles de bière est de 1$. Gardez votre coupon-caisse pour rapporter les vides et récupérer vos sous. Mine de rien, à 5$ la grande Pilsener, ça monte vite (elle coûte 1,50$US à Quito!).

Iguanes, manchots et otaries

Mes amis, je ne sais pas comment je vais faire pour passer 10 jours ici.

J’ai un coup de soleil sur les mains. Sur les mains, voyons! Quelle traîtrise! Cinq minutes au soleil sans protection, te voilà cuit comme un poulet à la broche.

Pas moyen de marcher sans buter sur un iguane. Les otaries squattent les plages et les bancs, les manchots et les pélicans nous tournent autour quand on veut juste se baigner tranquillement…

Comment voulez-vous qu’on se repose?

J’ai même vu une tortue marine, à quelques mètres de moi, sortir sa vieille tête préhistorique hors de l’eau comme pour se repérer avant de continuer sa route.

Mais bon, il y a des consolations: j’ai nagé avec la petite Emilia, qui se lâchait, paraît-il, pour la première fois sans qu’on la tienne, et surtout sans sa maman. Il s’agit d’un véritable exploit! Et puis j’ai longuement joué dans les vagues avec l’infatigable Layla. Nous avons désormais une nomenclature exclusive pour désigner les vagues — les « oles », de l’espagnol ola. Il y a les oles folles et les oles molles. Une douce ole devient une boussole, et si une olette nous frôle, elle devient omelette.

Grosse journée.

Dire que ça recommence demain…

Vers les Galápagos

Pour se rendre aux Galápagos, il faut vraiment vouloir. C’est un voyage que je n’aurais jamais fait seule.

Nous étions debout à six heures ce matin. Il le fallait pour attraper notre avion.

Martha nous avait préparé du café, des huevos revueltos, de l’ananas, du jus de goyave, des collations. Cette femme n’arrête jamais.

Puis on a sauté dans le taxi pour se rendre à l’aéroport. Il y avait du trafic, on était un peu justes. Arrivés là, paf! Contrôle policier. On vise les taxis « illégaux ». Ça tombe mal: nous sommes dedans. Les policiers flairent le topo, scrutent les documents, questionnent le chauffeur, toisent les passagères, se parlent entre eux, redemandent les documents. Ils ne lâcheront pas le morceau.

Les minutes passent, on commence à avoir chaud. L’avion ne nous attendra pas. Alejandro et notre chauffeur sortent parlementer avec les policiers. Dix minutes et un pot-de-vin de 20$ plus tard, on repart enfin (personne n’est étonné).

À l’aérogare, on court un peu: il faut acheter les permis de séjour, déposer les bagages… Ouf! L’avion est retardé. On attend même un peu. Puis:

Navette jusqu’à l’avion.

Vol d’une heure et demie jusqu’à l’île de Baltra.

Bus jusqu’au quai du traversier de Baltra (20 minutes? Je ne sais plus).

Bateau entre l’île de Baltra et celle de Santa-Cruz (5, 10 minutes?).

Taxi du quai de Santa-Cruz jusqu’à Puerto Ayora (une demi-heure).

Bateau de Puerto Ayora jusqu’à Puerto Villamil, la ville principale de l’île Isabela (deux heures dans un rafiot de second ordre).

Taxi du port jusqu’à notre hôtel (deux minutes).

Ça nous fait pratiquement 12 heures de transbahutage. Les petites ont été admirables. Je suis fourbue.

Marianne a tout organisé, elle sait où on s’en va, à quelle heure et comment. Elle gère les filles, allaite la plus petite, console la grande, joue avec les deux, je ne sais pas comment elle fait.

Il est 22h, heure des Galápagos. Votre humble n’en peut plus et ordonne l’extinction des feux.

On parlera des iguanes demain.

Sur le trottoir qui mène du quai à la terre ferme: « Attention à l’iguane, Layla, tu vas marcher dessus! » (Ça a vraiment été dit.)

La route des volcans

La Ruta de los volcanes. C’est le nom de l’auberge où s’est posé notre petit groupe pour deux nuits, à 3500 mètres d’altitude.

Le chemin qui mène là-haut, en partie pavé de pierres de lave et cahoteux en conséquence, se tortille à travers des paysages immémoriaux qu’on dirait peints par le douanier Rousseau, eût-il peint autre chose que la jungle.

Le patron de l’auberge, qui s’appelle Darwin (ça ne s’invente pas), nous a accueillis sous une pluie apocalyptique qui s’est déclenchée au moment où notre voiture atteignait le stationnement — le genre de pluie qu’on ne voit qu’au cinéma ou sous les Tropiques.

J’adore ça.

Darwin déploie une énergie formidable pour mettre en valeur sa terre et ses merveilles. On ne peut sortir de chez lui que le coeur content, le ventre plein et les yeux écarquillés par tant de beauté.

Il nous a confiés, dimanche, aux bons soins de son ami Patricio, fier chagra (l’équivalent des gauchos argentins, disons) qui connaît son Cotopaxi comme la paume de sa main. Personne mieux que lui, je crois bien, n’aurait pu nous mener à travers cet immense parc national avec autant de fierté, de gentillesse et de savoir.

Je n’avais pas assez d’yeux pour tout embrasser de ces paysages quasi désertiques modelés par les volcans.

Mine de rien, au fil des arrêts, nous avons marché presque 8 kilomètres. À 4000 mètres d’altitude, j’estime que ça vaut le double. On pouvait bien être vannés à la fin!

(J’ajoute, à l’intention de ma soeur et de tous les amateurs de sports plus ou moins extrêmes, qu’il y a moyen d’escalader le Cotopaxi, considéré comme l’un des volcans les plus dangereux du monde, et de s’adonner à d’autres folies du genre.)

Mais, aussi fatiguée fussé-je, je n’ai pas pu dire non quand Patricio m’a proposé une courte promenade à cheval dans les environs de l’auberge, à l’heure où le soleil déclinant nimbe d’or tout ce qu’il touche.

Ni refuser d’enfiler le costume des Chagras: poncho de laine tissée bien serré, jambières en peau de vache et chapeau de cuir.