Nous sommes donc arrivés à Athènes hier matin. On a pris un bus (dans lequel Pierre a oublié son sac à dos, avec appareil photo, tablette et tout – remercions ici la gentillesse et l’efficacité de la dame du guichet des bus, qui a retracé le chauffeur, lequel a déposé le sac aux objets trouvés de l’aéroport), puis un autre, puis un autre encore, pour nous rendre au petit hôtel miteux où nous avions réservé une chambre par le truchement de Booking.com. Pourquoi celui-là? Parce qu’il se trouve à quelques mètres d’un arrêt du bus express vers l’aéroport. Autrement, c’est 50€ (soit 75$) pour un taxi à partir du centre-ville. Le métro, lui, ne fonctionne pas à l’heure de fou à laquelle nous devions partir. Bref, petit hôtel miteux mais propre et pas cher, tout près de la mer, où nous avons pu nous baigner une dernière fois.
À 2h du mat, nous nous sommes levés pour attraper le bus X96, qui roulait comme un TGV sur la route déserte. Après trois heures d’attente à Athènes (mais qui décide de fixer des départs à 6h du matin?) et trois heures de vol, nous avons atterri à Paris, hébétézéhagards.
Nous avions quatre heures à tuer à CDG. N’en reste plus qu’une, l’embarquement va enfin commencer. Pierre s’est assoupi sur l’une des méridiennes disposées tout au bout du terminal. Il y a une heure ou deux, elles étaient toutes (toutes!) mobilisées par des Africains, qui dormaient là comme eux seuls savent le faire, profondément, immobiles et bienheureux. Pierre a attrapé quelque chose là-bas, on dirait.
Quant à moi, je suppose que je dormirai dans l’avion, avec l’aide de mon amie Imovane et de quelques verres de vin, gracieuseté mon ami Air France, qui, contrairement à ses concurrents, n’a jamais lésiné là-dessus. Vous dire comme j’aime cette compagnie aérienne! Ce matin, j’ai eu l’honnheur, le plaisir et l’avantage d’être invitée dans le cockpit, oui, oui, mesdames et messieurs. Sans avoir rien fait d’autre que de lancer une boutade au copilote qui nous accueillait à l’embarquement. Remarquez, j’avais auparavant gratifié le préposé à l’enregistrement de l’un de mes irrésistibles traits d’esprit, mais ça ne nous a pas valu un surclassement. Faut croire que je ne suis pas si irrésistible que ça.
En tout cas. Pour tout vous dire, ça n’est pas plus excitant que ça, le cockpit. D’abord, on volait au dessus d’un épais couvert nuageux qui nous cachait la Croatie. Et les pilotes étaient tous deux fort bien de leur personne, diserts et tout, mais bon, ils ont un boulot à faire. J’aurais aimé mieux un surclassement. (Princesse, va!)
Par la baie vitrée, j’observe le ciel de Paris, gris et dense comme du mastic. Un mois que je n’ai pas vu ça. Moi qui me suis gavée de turquoise et de bleu, de fleurs en délire, des miroitements de la mer et du blanc éclatant des maisons, je redoute la grisaille de Montréal. J’ai acheté deux bouteilles de retsina pour quand j’aurai trop le cafard, et il me reste à trier, traiter et classer les centaines de photos qui dorment dans mon appareil.
Je vous les mettrai.