«Vilaine fille!»

Salut.
Ça fait des semaines que la Tatie me tanne pour que je lui permette de publier le fond de mes pensées (ben oui, parce que j’en ai plus qu’une, de pensée, imagine-toi donc).
OK, j’ai dit. Mais tu vas tout raconter.
«Vilaine fille», c’est comme ça qu’elle m’appelle, maintenant.
Juste parce que, l’autre jour, j’ai fait l’erreur de fureter jusqu’au rez-de-chaussée après qu’elle a eu laissé la porte entrouverte (oui, c’est un bon verbe bien conjugué, va voir ton Grevisse pis tanne-moi pas avec ça).
Une fois en bas, j’me suis retrouvée les quatre pattes dans une matière blanche pis frette vraiment bizarre, j’ai pas souvenir d’avoir jamais vu ça dans ma vie. Ça sentait pas grand-chose, tout était aveuglant, j’avançais à tâtons, j’aimais pas trop ça. Je voulais remonter quand la Tatie m’a appelée, je le jure. Et c’est là que je l’ai vu, LUI.
LUI! Le gros Guimauve! J’ai eu la peur de ma vie. Je me suis cachée vite fait dans une vraie bonne cachette, mais pas assez vite: Guimauve m’a vue. Il m’a fait «BOUH!» pis j’ai détalé, avec lui à mes trousses.
Mais DÉTALÉ! Je savais même pas que je pouvais courir aussi vite.
J’ai vaguement entendu la Tatie qui criait mon nom, mais j’avais une urgence, crisse: trouver une nouvelle cachette!
J’en ai trouvé plusieurs, l’une après l’autre (le secret, c’est de ne jamais rester longtemps au même endroit). Guimauve m’a cherchée pendant un bout de temps, mais il a cessé de jouer, pis je suis restée toute seule.
Longtemps.
Y faisait frette en estie. J’entendais la Tatie qui m’appelait en secouant mon bol de croquettes (mes croqueeetttes!!!), mais y avait tellement de bruit partout, je me suis tenue coite et recoite, même quand elle passait à un mètre de moi (la pauvre innocente!), parce que, rendue là, je ne me fiais plus à rien ni personne.
J’ai fini par rentrer quand tout a été silencieux et que je l’ai entendue clairement crier mon nom. C’était la nuit noire encore plus noire que Guimauve. Faut dire, j’étais pas loin: je suis pas une imbécile, hé. J’attendais le bon moment, c’est tout.

J’ai appris plus tard qu’elle avait capturé et séquestré le gros Guimauve pour me laisser le champ libre.
CAPTURÉ ET SÉQUESTRÉ! Hahahahahahaha! Le King du jardin a été neutralisé pour moi! Quand j’te dis que je suis l’Impératrice de Rosemont, tsé.

OK, astheure, je vais te confier quelque chose: le Guimauve, il est pas gros. Il est costaud. Il fait deux fois ma taille. Il est tout noir, tout complètement absolument partout, un beau pelage uni, lisse et en santé. Il est le boss de la place. Il patrouille le jardin en permanence. Il vient même parfois sur NOTRE balcon. Il a fait ça il y a seulement trois jours. Il s’est assis là, comme pour prendre le frais, bien tranquille, comme si j’existais pas. HEY!
La Tatie a entrouvert la porte, juste assez pour qu’on puisse se sentir le museau, des fois qu’on pourrait devenir amis. Je capotais complètement. Il est beau, quand même, ce Guimauve, tsé…
Ben tu me croiras si tu veux, l’estie de gros maudit con, tout ce qu’il a trouvé à faire, c’est de passer sa grosse patte dans l’ouverture avec l’air de vouloir me griffer!
Maintenant, la Tatie dit qu’il est hors de question qu’elle me laisse sortir parce que le gros Guimauve va me faire la peau. Je sais bien que c’est pas vrai. Je cours vite pis j’ai le don de trouver de bonnes cachettes. Mais elle me croit pas.

Fait que là, je boude. J’ai un plan. Je la réveille à 5h du matin avec des ronrons et de petits coups de pattes, puis je la fuis toute la journée. Je la harcèle pour jouer, mais si elle s’approche, je file. Je me laisse prendre 15 secondes à la fois, pas une de plus.

Elle va finir par être tellement tannée qu’elle va me laisser sortir. JUST WATCH ME!