Je suis partie comme une voleuse. J’ai bien sûr fait mes adieux à Raymonde et à Jean-Louis, qui m’ont reçue avec tant de gentillesse et même d’amour que c’est à n’y pas croire. Je laisse aussi Gabriel, Hélène et leur petite Jeanne de cinq ans, qui venait me coller comme un chaton, chose qui me fait toujours fondre.
Je n’ai pas dit adieu à Clara et William, qui tenaient à bout de bras L’Échouerie, ce café où tout le monde qui vient à Natashquan finit par arriver, non plus qu’à Géraldine, qui m’a permis d’avoir une bicyclette pendant mon séjour, ni à combien d’autres jeunes et magnifiques personnes…
J’ai sérieusement pensé à m’installer là-bas pour une année, pour voir. L’hiver y est long, c’est vrai, mais il est blanc. Pas comme à Montréal, où on patauge dans la bouette et le brun pendant au moins trois mois.
Pour l’heure, j’ai repris la route, je dors au Havre-Saint-Pierre, où il pleut comme vache qui pisse. Moi qui voulais voir l’île aux Perroquets demain, j’en serai quitte pour revenir. Pas vrai que je vais prendre un bateau emmitouflée dans des vêtements de flottaison sous la pluie pour voir zéro rien.
Je rejoins demain à Sept-Îles une nouvelle amie, Sylvie, que j’ai connue grâce à Anne-Marie et Sylvain, nous jouerons au Scrabble en buvant du vin blanc, et la vie sera parfaite, comme elle l’est depuis que je suis partie.