
À peine arrivée à Sayulita, j’ai su que je détesterais cet endroit.
Médusée par les hordes de barbares qui se baladent en maillot de bain en pleine rue (VOYONS?!), par les enfilades de restaurants et d’hôtels qui ne laissent plus aucune place aux habitations (et donc aux habitants), par la furieuse pulsation qui semblait secouer toute la ville, j’ai mis deux bonnes heures, après avoir pris possession de mon lit, pour me décider à ressortir.
« Ressaisis-toi, ça doit pas être si pire », me suis-je dit.
J’ai donc marché jusqu’à la plage, où les parasols et les stations de massage s’étendent à perte de vue.
J’ai fait le tour de la place centrale, dont on ne distingue plus rien de l’architecture parce que des milliers de fanions multicolores barrent le ciel (c’est tellement festif).
Je me suis arrêtée pour manger à un boui-boui recommandé par mon hôtel pour sa cuisine authentique, où les clients, tous étrangers, se succèdent à un rythme d’usine sans se regarder.
J’ai parcouru quelques rues, où les voiturettes de golf disputent l’espace aux automobiles et aux scooters.
Et j’ai conclu que oui, c’est si pire. C’est même plus pire.
J’étais tellement découragée que je n’ai même pas pris de photos. Vous devrez donc me croire sur parole, comme pour Puerto Vallarta (c’est quand même drôle).
D’ailleurs, comparé à Sayulita, Puerto Vallarta semble une succursale de l’Éden.
Bref, après avoir acheté de quoi me bricoler un petit souper, je suis rentrée à mon hôtel pour femmes, où j’ai en effet rencontré de très belles et gentilles personnes, dont je pourrais techniquement être la grand-mère.
Elles m’ont aimablement invitée à sortir avec elles, mais je n’ai pas voulu abuser de leur grandeur d’âme. Dans tout ce boucan, avec leurs accents de l’Angleterre ou de l’Oregon et mes vieilles oreilles, sans parler des courts-circuits qui se produisent dans ma tête entre l’anglais, le français et l’espagnol, la conversation risquait de devenir beaucoup trop laborieuse.
J’ai donc tranquillement mangé mes toasts à l’avocat (je ne me lasserai jamais de ça), et j’ai résolu de rentrer à Bucerías dès le lendemain (donc ce matin même), faute de pouvoir devancer mon vol de retour sans que ça me coûte un rein.
On peut dire que ce n’est pas le plus beau voyage de ma vie.
Mais au moins j’améliore mon espagnol, la mer est tout près, j’ai de quoi lire, et quelques personnes, ici, me reconnaissent, dont José, le serveur de mon bar de plage préféré (n’espérez jamais ça à Sayulita).
Ça pourrait être pire, hein?