Hier matin, visite d’une lamasserie, ancien palais d’un prince très pieux qui en a fait cadeau à la communauté il y a 270 ans. On peut visiter toutes les salles, aménagées dans ce qui était autrefois le salon du prince, ou sa chambre à coucher, ou son oratoire privé. À l’intérieur, des bouddhas dorés et satisfaits luisent dans la pénombre, et de somptueux ouvrages de soie d’une finesse indicible pendent des plafonds ouvragés. À l’entrée, des croyants se prosternent, un moine en robe pourpre et or fait placidement tourner un moulin à prière. Partout on étouffe dans les nuages d’encens.
Je m’étonnais de la piété des Chinois parce que je croyais naïvement que la Révolution culturelle avait banni toute religion. Bon, ça a peut-être été le cas, mais on s’est ravisé depuis et on a fait mieux que ça. On a instrumentalisé le bouddhisme. Dans l’une des salles, une exposition relate l’histoire de ce temple à l’occasion de son 270e anniversaire. Les panneaux explicatifs en anglais, une quinzaine peut-être, martèlent tous qu’il est le coeur de la Chine bouddhiste, le gage de l’unité nationale, le centre névralgique de la foi et de la culture chinoises, dont la Mongolie et le Tibet, accessoirement et soit dit en passant, font partie intégrante.
Le dalaï lama ne serait pas content, je pense…