Une autre Chine

La Chine que vous montre Pékin, c’est celle que j’ai décrite l’autre jour: propre, policée, organisée, saine, prospère.

Nous sommes maintenant à Datong, ville industrielle dont l’économie reposait, jusqu’à il y a peu, sur le charbon. Un smog permanent l’enveloppe, elle a été défigurée par une urbanisation aussi accélérée que désordonnée. Non loin d’ici se trouvent des trésors historiques sur lesquels le gouvernement a décidé de miser pour attirer les touristes et diversifier l’économie. Des projets pharaoniques ont été lancés, notamment pour mettre en valeur des grottes où, au cinquième siècle, ont été sculptées et peintes des milliers de représentations de bouddha, de la plus infime à la plus monumentale. Ça fait penser à Petra, en Jordanie, ou aux bouddhas de Bamiyan, que les talibans ont sauvagement détruits il y a quelques années. En tout cas, c’est une splendeur, vraiment. Mais on a construit autour de ça, en deux ans, ce qui menace de devenir une sorte de Disneyland, qui a dû coûter des fortunes et qui, hors saison, reste lamentablement désert. Un immense pavillon d’accueil qui ressemble à un hôtel de luxe, un musée grand comme un aréna de marbre, des temples, des pagodes, en veux-tu, ô toi, le touriste assoiffé de couleur locale? Et toi, le Chinois exilé à la recherche de ta mère patrie, la trouves-tu assez puissante, assez grande, assez belle?

Là, on est en train de reconstruire la vieille ville. Pas de la restaurer, non. De la refaire à neuf. Pagodes, temples, palais, fortifications. La majeure partie de tout ça avait été rasée pour céder la place à de hideux immeubles d’habitation, ou alors laissée à l’abandon. La ville n’est qu’un vaste chantier hérissé de grues (parce qu’on continue à construire des tours d’habitation de 40 étages), de barrières, d’échafaudages.

En tout cas. Les gens ont l’air content. Je leur souhaite que ça marche…

Nous sommes venus ici par le train de nuit, une expérience dans ce pays où le mot promiscuité n’existe pas, et où l’intimité est un concept tout à fait abstrait.

Nous en reprenons un ce soir pour Pingyao, où nous allons nous écraser et ne pas faire grand-chose, à part prendre une bonne douche et un peu de repos. 

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