Randonnée

Kapetaniana est un paradis pour randonneurs. Des sentiers partent dans tous les sens, plus ou moins difficiles, plus ou moins (mais plûtôt plus que moins) balisés. On a croisé un groupe d’Allemands dûment pourvus de tout l’équipement du parfait randonneur: bâtons de marche, chapeau Tilley, bottines de kevlar (OK, j’exagère), habits de lycra et de goretex, lunettes miroirs polarisées, sac à dos à poches multiples, gourde… ils se déplacent dans un cliquetis de bâtons qui nous fait toujours rire. 

En tout cas. 

Hier, nous avons fait une agréable balade dans une petite gorge. Un truc simple, en sandales, c’est vous dire. En chemin, nous avons rencontré cinq chevaux en pacage qui sont venus à nous tout bonnement après que je les ai sifflés, qui nous ont fait des saluts amicaux à grands coups de museau et qui sont repartis à leur petite affaire après avoir constaté qu’on voulait juste des àselfies. Au fond de la gorge coulait un filet d’eau dans lequel frétillaient des centaines (des milliers?) de têtards minuscules. La vue sur la mer et le petit village en bas là-bas était magnifique, le silence assourdissant, c’était superbe, pas trop fatigant, la madame était contente.

Enhardis par ce succès, nous avons formé le projet d’aller ce matin voir un ancien monastère creusé à même le roc dans une falaise près de la mer, puis, de là, de pousser jusqu’à une tombe minoenne, voire jusqu’au village suivant – une affaire de trois kilomètres, six aller-retour, a walk in the park, comme on dit. La carte que nous avait prêtée Iphigenia montrait bien un sentier, mais elle indiquait aussi que ce dernier n’était ni balisé ni facile à trouver. Nous sommes partis en amateurs, comme de raison: tard, avec pas de carte, en short. 

Je ne vous dis pas la route pour se rendre là. En terre battue, large comme un chemin de tracteur, avec d’un bord la montagne et de l’autre le précipice pas de garde-fou, l’accotement (quel accotement?) rongé par l’érosion et des virages à 180 degrés que t’as l’impression que l’auto ne peut pas tourner assez pour les prendre. 

En tout cas. 

On est arrivés sains et saufs à ce village d’une quinzaine de maisons.

Il était bien 10h quand nous avons visité le monastère, observé ses fresques naïves, exploré les cellules des moines creusées dans le roc. Puis on a cherché le sentier, qu’un écriteau discret désigne vaguement. Marche, marche, on arrive à ce qui ressemble à un sentier qui n’a pas été utilisé depuis des lustres, tout hérissé de buissons épineux. En short, impossible de passer là sans s’écorcher vif comme le fut saint Tite, dit-on, par les Turcs à Héraclion. La preuve: 

Nous avons donc renoncé et rebroussé chemin pour finir à la plage. 

Que voulez-vous.

Après, nous nous sommes arrêtés au seul magasin du village, que la dame a ouvert pour nous. Dans notre grec rudimentaire, nous avons demandé des olives, du fromage, du vin. Le vin est le sien, contenu dans une bouteille d’eau recyclée, 2,50€ pour un litre et demi. C’est un vin doré et doux comme un muscat. Elle nous a offert les olives (aussi les siennes), en nous recommandant de les mettre dans l’eau (sa fille a traduit). Et elle nous a coupé un bout de fromage de brebis qui est aussi probablement le sien. Avec une tomate et un paquet de biscottes, nous étions parés pour l’apéro. 

Encore a-t-il fallu remonter ce chemin vertigineux, qui m’arrache de petits cris de frayeur à chaque virage.

Arrivés à notre gîte, je me suis rendu compte que j’avais laissé mon maillot de bain et mon pagne préféré en bas là-bas. Ben, ils vont rester là.

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