Je me suis retenue à deux mains aujourd’hui pour ne pas aller manger un souvlaki quelque part. Pas parce que je crains qu’il ne soit pas aussi bon qu’en Grèce – j’ai pu constater qu’on fait de très bons et de très mauvais souvlakis ici comme là-bas.
Non, juste parce qu’il faut en revenir.
Et revenir.
Se poser et se reposer.
Décanter.
J’ai aimé la Grèce plus que je ne m’y attendais, et la Crète plus encore. Si le monde n’était pas si vaste et la vie si courte, j’y retournerais. J’y retournerais parce que si une chose m’a manqué dans ce voyage, c’est de me poser et de vivre doucement avec les gens. Nous l’avons fait un peu, mais pas encore assez à mon goût.
Aujourd’hui, j’ai fait du pain, ce qui me réconcilie toujours avec le quotidien. Je suis allée marcher dans mon quartier encore gris, que le vert de l’herbe naissante n’arrive pas à égayer. J’ai acheté pour souper de la morue fraîche, de jeunes épinards, un poivron rouge, des concombres libanais bios. C’était bon mais, bien sûr, ça n’avait rien à voir avec ce qu’on mangeait là-bas, où tout est si frais et si parfumé.
J’ai du miel de fleur d’oranger, un sachet d’origan et une bouteille de retsina pour me consoler.