Marseille, Marseille!

Vous dire comme j’aime cette ville! Couverte de graffitis jusqu’au plus profond des tunnels du métro, habitée de gens de toutes provenances et de toutes couleurs, éventrée en ce moment par des travaux qui visent à rendre piétonne la Canebière (principale artère du centre), grouillante de vie dans Noailles, le quartier le plus maghrébin à l’ouest du Maghreb… Je m’y sens à la fois chez moi et complètement ailleurs.

Ne serait-ce que grâce à Aurélie et Mehdi, qui me reçoivent sans façon, avec une débordante gentillesse et une simplicité confondante, et dont les deux petites filles, Jacynda, 5 ans, et Lya, 4 ans, m’ont instantanément adoptée (et me font régulièrement mourir de rire). Ici, je suis Tatie Fabi pour tout le monde.

J’ai sans doute déjà dit que j’ai connu Aurélie et Mehdi quand ils ont logé chez moi quelques jours alors qu’ils entamaient un tour du monde, il y a sept ou huit ans. Nous sommes restés liés depuis, et c’est vraiment le genre d’amitié qui me comble de joie, parce qu’elle est simple, authentique, gratuite, sincère et durable.

Humanité

Ce midi, dans le bus qui me menait au métro qui allait me mener au musée, une femme à qui j’ai demandé un renseignement s’est mise à me raconter sa vie. Le travail qu’elle s’en allait accomplir comme femme de ménage, ses conditions de vie, les deux tentatives de viol dont elle s’est sortie par une incroyable habileté quand elle était jeune…

Et ce soir, au café où j’ai fait une pause après le musée, même chose: une femme, voyant que j’étais seule à ma table, m’a poliment demandé si elle pouvait s’y asseoir. Après un moment de silence, elle a parlé du sale temps qu’il faisait sur Marseille, et puis, voyant que je lui répondais, elle m’a assez longuement raconté sa peine d’avoir perdu son compagnon de vie, il y a deux ans. Une peine que j’avais lue sur son visage, à vrai dire, avant même qu’elle s’approche de la terrasse où j’étais assise.

Je les ai écoutées toutes les deux avec la même attention, étonnée de leurs confidences, sans comprendre pourquoi j’en étais le réceptacle.

C’est bizarre, la France. Les gens se bousculent littéralement pour entrer dans les bus ou dans le métro, les automobilistes ignorent toute notion de courtoisie quelle qu’elle soit, le garçon de café à qui on demande un verre d’eau supplémentaire nous le balance presque à la figure, mais soudain on a ça, ce sursaut d’humanité, qui nous surprend au détour, dès qu’on regarde quelqu’un dans les yeux.

Enfin.

Arts et joie

J’ai passé aujourd’hui l’après-midi en compagnie de l’un de mes auteurs favoris, Jean Giono, qui fait l’objet d’une exposition au MUCEM. Une exposition qui demande beaucoup, beaucoup d’attention parce qu’elle présente énormément de manuscrits, certes émouvants, mais qu’on ne peut tout de même pas passer des heures à déchiffrer. Des extraits de films, des toiles qu’il aimait, les livres qu’il possédait. Ce qui est surtout saisissant, c’est l’installation qui ouvre l’exposition, un montage terrible sur ce qui a façonné Giono, conscrit à 20 ans en 1915 pour cette guerre aussi absurde que meurtrière. Il n’en est jamais véritablement revenu. C’est fascinant parce que lui, le pacifiste convaincu, le militant, a été accusé de collaboration après la Seconde Guerre mondiale.

Il faudra que j’explore cela.

Je pars demain pour deux jours à Aix-en-Provence, ville natale de Paul Cézanne, l’un de mes peintres favoris. Ce sera formidable, je le sens.

S’il fait beau en prime, je serai au ciel. Sinon, hébin, je serai quand même sur terre, et heureuse d’y être.

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