Ça tangue!

… et non, ce n’est pas à cause de la Garrison Irish Red (une bière locale) qui a accompagné my not-so-good hamburger dans ce qui s’est classé comme l’un des huit meilleurs restos de hamburgers au Canada (je voudrais bien savoir qui a fait ce classement et quels sont les sept autres).

Non, ça tangue et ça roule parce que je viens de passer 22 heures dans un train qui ne s’en privait pas. Forcément, mon oreille interne s’est habituée à cette incessante oscillation. Maintenant que j’ai les deux pieds sur la terre ferme, elle continue de compenser pour ce qui n’est plus, si bien que, dans ma banquette du Darrell’s Restaurant, j’ai toujours l’impression d’être en mouvement.

Le peu que j’ai vu de Halifax me comble déjà. Ma logeuse, originaire du nord de la Chine, habite une vieille maison victorienne en plein centre de la ville. Elle est charmante (la logeuse) (la maison aussi). J’irai demain visiter le musée du Pier 21, qui porte sur les grandes vagues d’immigration du XXe siècle. J’espère aussi visiter le seul musée canadien consacré à la culture noire. Je n’ai que deux jours à passer ici… Ce n’est manifestement pas assez!

Joies du train


Je vais encore me répéter, mais je n’y peux rien: prendre le train me remplit d’allégresse. Surtout quand, comme maintenant, il s’agit d’y manger et d’y dormir. J’adore le décorum un peu suranné du wagon-restaurant, les couverts rutilants, le linge blanc, le service all canadian (bilingue, affable, bon enfant), les vins de Nouvelle-Écosse (ce petit pinot grigio n’était pas du tout à dédaigner), la bouffe presque honnête, les convives tout aussi heureux que moi de s’offrir ce moment hors du temps… Et puis, dans la minuscule cabine, ces draps craquants qui sentent bon la lessive, le duvet tout douillet, même l’étroitesse des lieux me ravissent. Jamais je n’ai aussi hâte de me mettre au lit que dans cette chambrette exiguë où chaque centimètre a été compté. Certes, nos trains accusent leur âge. Même si on n’a pas bu, on titube comme des ivrognes dans les coursives parce qu’on se fait secouer dans tous les sens, vu que les rails sont aussi vétustes que le matériel roulant. En tout cas, on est certain de se faire bercer une fois au lit.

J’ai inversé la place de mes oreillers dans ma couchette (c’est-à-dire que je couche maintenant la tête au pied du lit) parce que je veux faire face à la marche du train et que je dors mieux sur le côté gauche. Contente d’être retirée dans mon petit trou de souris, mais j’ai déjà hâte aux pancakes de demain matin.

Et dire que je remets ça dimanche!