Une semaine que je tousse comme au bon vieux temps des sanatoriums.
Lundi, j’étais si mal en point que je me suis résignée à consulter, comme on dit. Mon collègue Pedro est venu me chercher chez moi et m’a emmenée, atone et sifflante, à la clinique d’un médecin de sa connaissance.
C’est une infirmière qui, quand elle ne fait pas tout le reste (prendre la tension des patients, administrer les vaccins et les injections, distribuer les médicaments, etc.), joue le rôle de réceptionniste: une fois de temps en temps, elle sort de son officine, note sur un bout de papier les prénoms des nouveaux arrivés et dirige ceux à qui c’est le tour vers d’autres sièges, près du bureau du médecin.
J’ai bien dû attendre 15 longues minutes (mes amis étrangers ne comprendront peut-être pas l’ironie; je m’explique: si ça s’était passé au Québec, je crois bien que j’y serais encore).
L’infirmière a pris ma tension, elle a noté le résultat sur un bout de papier qu’elle m’a remis. C’était mon ticket pour voir le docteur.
Le médecin, courtois, affable, m’a accueillie à la porte, m’a serré la main (!!!) et m’a fait asseoir. Je lui ai expliqué mon cas: toux sèche, fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, fatigue générale, le portrait type d’une grippe.
Tout ce que je voulais, c’était une ordonnance de Flovent (cortisone en inhalateur) et une de Ventolin. Surtout pas d’antibiotiques, étant donné ce qu’on sait maintenant sur leur inutilité dans le cas de maladies virales comme la grippe.
Mais de Flovent au Pérou (en tout cas à Caraz) il n’y a point.
Et de sèche, ma toux était quand même devenue phlegmoneuse à souhait (beurk).
L’aimable docteur m’a donc prescrit trois injections d’antibiotique et de cortisone, du Ventolin, du repos et de l’ibuprofène ou quelque chose d’approchant.
Que voulez-vous.
La consultation a coûté 30 soles (12$), ce qui inclut les visites de suivi.
SJe suis retournée le voir hier, avant ma troisième injection, qu’il a décidé de remplacer par un antibiotique oral. Bien obligée de lui faire confiance, même s’il m’a gentiment reproché d’être trop légèrement vêtue (jean et t-shirt) alors qu’on sait bien que ce n’est pas le froid qui donne la grippe. «Soy una hija del Norte», j’ai dit en riant.
Ben oui, toi, une fille du Nord. Tu parles.
En tout cas.
Il est vrai que je tousse moins «gras» (désolée). Le risque de voir dégénérer la chose comme j’en ai le secret depuis ma plus tendre enfance semble donc écarté.
Mais j’ai les bronches en feu. Mon royaume pour du Flovent! Je me demande encore comment j’ai pu ne pas emporter ça dans mes bagages. J’ai pourtant pris ma petite «théière» à nose rinse, au moins huit paires de lunettes, des produits pour assainir l’eau, quatre chargeurs de téléphone, des pansements adhésifs jusqu’à la fin du monde, onze paires de chaussures (je viens de les compter), de l’amoxicilline (ben oui, toi), du Cipro, un litre de crème hydratante Nature’s Gate (pour vrai), du Valtrex, de l’ibuprofène sous toutes ses formes, de la crème pour les pieds crevassés, du gingembre en comprimés, des sacs Ziploc, des kilomètres de sparadrap… On dirait que je me suis préparée pour la forêt amazonienne.
Où, je tiens à le préciser, on ne trouve vraisemblablement pas de Flovent.
Là, il est midi, je suis encore en pyjama. Faudrait que je prenne ma douche, que je ramasse mon linge qui sèche sur le toit, que j’aille à la pharmacie, que je mange quelque chose (j’ai zéro appétit).
Autant escalader le Huascaran.