Petite fatigue

J’ai dit que je me perdais avec délices dans les petites rues de Chefchaouen, mais c’était avant que je m’égare pour de bon, hier soir, sous un crachin dégueulasse, après avoir été manger une pizza non moins dégueulasse. Tous les mots d’église que je connais ont résonné dans la nuit bleue de la médina, et aussi quelques imprécations destinées au Prophète (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui, mais surtout sur moi, si ça ne vous fait rien).

Pour être bien certaine de ne pas me fourvoyer demain, quand je devrai emprunter ces venelles traîtresses en pleine nuit pour aller prendre un taxi qui me mènera à l’arrêt du bus qui me conduira à Casablanca, j’ai refait et répété le trajet en essayant de me fixer des points de repère (j’ai plusieurs fois regretté de ne pouvoir semer des cailloux comme le Petit Poucet). À droite en sortant de l’auberge. Passer devant l’hôtel Sandra, puis devant l’hôtel Koutoubia. Prendre la volée de marches à gauche après le restaurant Sindibad. Au kiosque de téléphone, prendre encore à gauche.

À peine 280 m à marcher, selon Google Maps.

Je t’en fiche. Ça ne m’entre pas dans la tête.

Excusez, je pense que le froid et l’humidité sont en train d’avoir raison de ma raison. Ai-je bien fait de changer de maison! Au moins, ici, le petit poêle de fer-blanc de la salle commune répand une chaleur… euh… une chaleur, quoi. Je m’installe à côté pour travailler, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire. Aussi bien, si le temps avait été plus clément, j’aurais eu du mal à passer à travers ce bouquin que je dois réviser et qui, tout compte fait, commence à m’ennuyer un peu.

Mais bon, y a pire, hein? Même sous la pluie, Chaouen (c’est son petit nom) a son charme. Il ne lui manque qu’un marchand de vin. Mais c’est p’t’être mieux comme ça, comme dit mon ami Hassan…