Dans les trains chinois «ordinaires», c’est-à-dire ceux qui ne roulent pas à la vitesse d’un avion supersonique, on a le choix entre quatre classes: assis-dur, assis-mou, couché-dur, couché-mou. Dans la catégorie «couché», ce n’est pas tant la fermeté du matelas qui fait la différence que l’espace vital dont on bénéficie. Couché-dur: six couchettes de 60 cm superposées trois par trois dans un compartiment sans porte, 90cm de passage au milieu. Un petit feeling concentrationnaire que la matrone en uniforme quasi militaire qui gère le wagon ne fait rien pour atténuer. Dès le train démarré, les lumières s’éteignent, bonsoir, bonne nuit. La matrone vient te réveiller quand il est temps de débarquer.
Couché-mou: quatre couchettes de 90cm, compartiment avec porte verrouillable, prise de courant, lampe de lecture, crochets et cintres. Le luxe! On a dormi aussi dur dans l’un que dans l’autre, remarquez bien. Mais au deuxième matin à débarquer aux aurores dans une ville inconnue, nous commençons à ressentir une petite fatigue. Il n’est que 10h du matin, j’ai l’impression qu’on est en fin de journée.
Nous avons pris le petit déjeuner dans une gargote qui venait d’ouvrir. On a jeté un coup d’oeil aux marmites, on a fait «ça, ça et ça», et on a mangé une sorte de bouillie de maïs ou de riz mélangée à un genre de bouillon salé et des petits pains vapeur fourrés à la viande. Tout le monde nous regardait bouffer en riant doucement. Sont drôles, les Chinois.
Je suis en train de me sevrer de café au lait et de vin blanc, je vais devenir une sainte.
Là, on va faire une petite sieste dans notre chambre vieille de 300 ans, et on ira explorer cette ville incroyable qu’est Pingyao, trop belle pour être fausse, avec des murailles, des ruelles, des pagodes, des lanternes rouges, des petits vieux qui jouent aux cartes et qui nous sourient de toutes les dents qu’il leur reste.