Pélagie, la suite

Pélagie au travail

J’ai ouvert le chapitre béninois de ce blogue en vous parlant de Pélagie. Depuis, il s’est passé bien des choses… et pas grand-chose tout à la fois. Sa vie est un combat quotidien pour nourrir ses quatre enfants et son fainéant de mari, qui ne lève pas le petit doigt à la maison sauf pour donner la chicote à Fréjus et chasser les mouches le matin.

Elle vient toujours travailler chez nous deux jours par semaine. Les 30 000 francs (environ 60$) que je lui verse chaque mois suffisent à peine à lui maintenir la tête hors de l’eau. Dès qu’un enfant tombe malade ou qu’il faut payer l’écolage, elle s’endette à des taux usuraires. Parfois, elle pleure de fatigue, de découragement, voire d’angoisse parce qu’elle voit venir le jour de notre départ (le 25 mars). Elle sanglote et se mouche dans son pagne, et je pleure avec elle.

D’autres fois, avant de commencer son ouvrage, ou lorsqu’elle a terminé, elle s’allonge à même le sol sur la terrasse ou dans le corridor (elle refuse le lit et même la natte que je ne manque jamais de lui offrir, elle prétend que c’est plus frais par terre), et elle s’endort dans la minute qui suit comme une bête de somme.

Nous verrouillons désormais la porte quand elle est là pour que les enfants lui laissent un peu la paix.

J’ai inscrit Mirabelle au Centre de réadaptation à base communautaire, où on essaiera de stimuler ses fonctions cognitives. Elle aura le suivi d’un psychologue et d’un travailleur social d’Assovie (un partenaire d’Oxfam, merci la vie!), et peut-être même pourra-t-elle apprendre un petit métier quand elle aura 14 ans, c’est-à-dire l’an prochain. Me voilà donc rassurée de ce côté, d’autant plus que Pélagie bénéficiera aussi du suivi psychosocial.

Il me reste à aider Pélagie à démarrer une petite entreprise, ce qu’on appelle, dans le jargon humanitaire, une AGR : une activité génératrice de revenus.

Elle s’est fait offrir une place dans une école, où elle pourrait tenir une petite cantine contre un loyer qui reste à négocier. Elle servirait du riz et des haricots sauce tomate, des oeufs durs, des spaghettis. Des plats à 100 francs (20 cents), mais une clientèle assurée jour après jour. Elle a besoin d’un fonds de démarrage, environ 400$, pour acheter une glacière, un brûleur à gaz (moins cher et plus rapide que le charbon qu’elle utilise en ce moment), des assiettes de plastique réutilisables, des couverts, quelques casseroles et les denrées de base (riz, farine de maïs, pâtes, tomates, ail, oignons, etc.). Elle pourra aussi payer d’avance au moins six mois de loyer.

Vous me voyez venir, avec mes gros sabots?

En ce 8 mars, au moment où l’ONU met l’accent sur le rôle indispensable des femmes dans la société et sur l’importance de leur donner les moyens de devenir autonomes financièrement, je vous donne la chance d’agir, si peu que ce soit.

Si 40 personnes acceptent de contribuer à hauteur de 10$ (ça peut être 5$, 20$, même plus, hein), nous pourrons l’équiper correctement. S’il y a un surplus, je le verserai dans un compte d’épargne à son nom.

Un peu d’aide directe, ça vous dit? Cliquez sur le bouton ci-dessous pour faire un don par PayPal. C’est une méthode de paiement parfaitement sûre. Autrement, les plus modernes d’entre vous peuvent faire un virement Interac par courriel à mon adresse: fabienne.couturier@hotmail.com. La plupart des banques canadiennes offrent ce service.

Je ferai des comptes rendus réguliers.

Image d'aperçu

Vidomégon

Les vidomégon sont l’équivalent béninois des restavek en Haïti (j’en ai parlé ici): ce sont des enfants (la plupart du temps des filles de milieu rural) que leurs parents, trop pauvres pour les garder, placent dans une famille qui, en principe, pourra leur offrir de meilleures conditions de vie et leur permettra d’aller à l’école. Ça, c’est la théorie. En réalité, ces petites filles, parfois dès l’âge de 5 ans, sont pratiquement réduites en esclavage par leur famille d’accueil. Elles accomplissent les corvées domestiques (ménage, lessive, cuisine, transport de l’eau) et doivent souvent, en plus, travailler au marché ou ailleurs lorsque leurs tuteurs ont un commerce.
L’organisme Assovie, l’un des partenaires d’Oxfam au Bénin, vient en aide à ces enfants, à qui il offre alphabétisation, scolarisation, apprentissage d’un métier. Assovie a aussi créé une petite troupe de danse et de chant qui regroupe 25 filles et 1 garçon. Les photos ont été prises pendant une répétition en costumes dans les locaux d’Assovie.

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