Le bonheur est dans les oliviers

Nous sommes aujourd’hui dimanche. Nous sommes rentrés vendredi de l’oliveraie d’Antonio, où nous avons passé quatre jours.

Mes amis, si le paradis existait, il ressemblerait à cela, ce lieu où on n’entend que le silence, où on est entouré d’oliviers, de collines, de ciel et d’air.

Un citronnier m’a souhaité la bienvenue de tous ses beaux fruits lourds de jus et de sucre, et j’ai pu faire connaissance avec ses amis: néflier, amandier, palmiers-dattiers, cerisier, figuiers de Barbarie, qu’Antonio a plantés un à un pour tenir compagnie à ses oliviers, dont certains on assurément plus de 100 ans d’âge.

En cette fin de novembre, nous avons pu, étonnamment, récolter quelques figues bien mûres. J’ai aussi cueilli deux ou trois mandarines sans même descendre de la voiture, sur le chemin raboteux qui mène à l’ancienne bergerie convertie en habitation.

J’ai passé deux jours à ramasser les branches d’olivier qui avaient été coupées quelques jours auparavant. Mine de rien, ça m’a demandé pas mal d’efforts, si bien que je me suis couchée le soir sans demander mon reste.

Puis nous sommes allés aider un ami d’Antonio à récolter ses olives. Notre tâche consistait essentiellement à étendre des bâches sous les arbres afin que les ouvriers y fassent tomber les olives, puis à ramasser tout ça pour aller étendre les bâches un peu plus loin. Comme d’hab, en bonne soldate, je me suis donnée au maximum, et ce sont les bottes qu’Antonio m’avait prêtées qui ont décidé que j’avais assez travaillé: la semelle de l’une d’elles s’est décollée définitivement, malgré la réparation que nous avions bricolée la veille avec de la ficelle et du ruban gommé.

Bref, je me suis salie, amusée, fatiguée, et, à mon grand étonnement, mon corps n’a même pas protesté.

Viva España!

Mes amis. Comme le ciel d’Espagne se montre doux et clément! Les orangers alourdis de fruits mûrs, le soleil comme une tendre caresse, le vent aussi léger que le soupir d’un bébé endormi, tout me séduit, me happe, m’emporte. Et je ne suis ici que depuis deux jours à peine.

J’aurais tant de choses à raconter! Des personnages, des histoires… Je passe mon temps à les observer sans avoir celui de les écrire. Ça viendra, j’ai des photos et des preuves. Vous allez voir ce que vous allez voir!

En attendant, je m’en vais dormir: demain, nous partons pour l’oliveraie d’Antonio, qui se trouve quelque part au milieu de rien, où il n’y a ni électricité ni, évidemment, d’internet. Nous allons travailler, c’est ce que j’ai promis contre l’hospitalité. Ramasser les branches qu’Antonio a coupées dans ses vieux oliviers qui ne donnent plus rien, aider le voisin à récolter ses olives à lui, et je ne sais trop quoi d’autre, toutes choses qui s’accompagneront d’almuerzos, de cenas, de xérès, de charcuteries qui sentent déjà bon dans le frigo et d’autres bonheurs de la vie. Pour l’heure, sachez que je suis actuellement hébergée par une soeur d’Antonio, Juani, qui me reçoit comme si j’étais sa propre soeur, près d’une petite ville inconnue du grand public dominée par une forteresse immense. Ça s’appelle Sagunto. Antonio m’a emmenée là aujourd’hui. Je vous laisse avec les photos que j’y ai prises.