Hier, comme tous les midis, mes collègues et moi sommes allés manger dans l’un des innombrables petits restos de Caraz qui offrent l’almuerzo à 8 soles. On a choisi le Chavin, où le patron fait tout lui-même: il prend les commandes, apporte les couverts et les plats, débarrasse… Invariablement calme, affable, il cuisine dans un réduit où il a à peine l’espace pour se retourner, de la largeur exacte de sa cuisinière au gaz. Je ne sais pas comment il fait.
Ce qu’il prépare est toujours très bon et copieux. Hier, soit ça l’était particulièrement, soit j’avais vraiment faim, j’ai tout avalé: le généreux potage de courge, jusqu’au dernier grain de riz de mon plat d’arroz chaufa (un genre de riz frit à la cantonaise qui fait partie intégrante de la cuisine péruvienne) et toutes les tranches de banane au sirop de tamarin du dessert. Miam.
Mais je ne sais pas, vers la fin de l’après-midi, j’ai commencé à me sentir un peu nauséeuse. Pas seulement ce vague sentiment d’avoir trop mangé, non: plutôt la sensation très précise que oooohhh… quelque chose ne va pas. Quand les sueurs froides se sont mises de la partie, j’ai ramassé mes affaires et expédié les salutations aux collègues (ici, on se fait la bise, tous et chacun, matin et soir).
J’ai pris le chemin de la maison sous une petite pluie, dans le crépuscule, en me disant que l’air me ferait du bien. Hélas, j’ai bientôt été partagée entre la perspective gênante de vomir en peine rue et le désir grandissant de me coucher sous un banc et de me laisser mourir là. Mais j’ai ma fierté. J’ai donc marché bravement comme une forçate jusque chez moi, les dents serrées et le regard fixe.
Quand je me suis enfin écroulée sur mon lit, j’étais sûre que je ne m’en relèverais pas. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans le bon riz du monsieur, mais je peux vous dire que ça n’a pas passé. OooOooOohhh… que j’ai été malaaaaaaade… Je crois que j’ai déliré un peu. Roulée en boule, trempée de sueur, misérable comme les pierres du chemin, je ne me suis jamais sentie aussi loin de chez moi.
Quand la tempête s’est un peu calmée, j’ai fini par réussir à avaler une gorgée d’eau, deux comprimés de Pepto-Bismol et un cachet pour dormir. J’ai rêvé que je mangeais des trucs complètement décadents, des pains aux figues avec des viandes confites et des grilled cheese et des saucisses…. AAARRRKE!
J’ai dormi pratiquement toute la journée, bu de l’eau bouillie, mangé un oeuf à la coque dont mon estomac n’a pas encore décidé s’il en voulait vraiment.
Là, un marteau-piqueur me vrille les tempes, il est 19h25, je vais prendre deux Advil et me remettre au lit.
Demain est un autre jour.
Oh lala, pauvre de toi, je compatis (« Doucement, heiiin! »)
Ça me rappelle un lointain jour de ma jeunesse où j’ai connu pareille mésaventure en randonnée au fin fond de la Tchéquie, après avoir goûté l’eau d’un ruisseau de montagne qui avait pourtant l’air ben bonne…
Soigne-toi bien et bon courage, j’espère que tu iras vite mieux !
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Patience, chère Fabienne, patience… Bisous des Pyrénées Orientales.
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