Nourritures (2)

Je vous ai dit l’autre jour que l’ordinaire du Péruvien moyen est plus qu’ordinaire. C’est ce que je partage avec mes collègues tous les midis de semaine, bien plus pour le plaisir d’être avec eux que pour celui, de plus en plus rare dans mon cas, de manger.

Chaque jour, je m’attaque à mon assiette sans plaisir ni appétit, si bien que jamais je ne la finis. Il faut dire que les portions font peur. J’en laisse toujours la moitié, sinon les trois quarts. Au Bénin, mince consolation, je savais que rien n’irait à la poubelle, que quelqu’un, à la cuisine ou ailleurs, serait bien content d’avoir ce repas pour rien.

Ici, le mieux que je puisse espérer, c’est qu’on donnera mes restes aux innombrables chiens qui squattent tous les recoins du Pérou (un truc que je ne comprends absolument pas: pourquoi tant de chiens? Mais c’est un autre sujet).

Je vais finir par demander des demi-portions, ou par me contenter de la soupe sans prendre le plat (ou l’inverse).

Heureusement, depuis peu, mon collègue José, grand gourmand devant l’Éternel, a saisi l’intérêt de s’asseoir à côté de moi à l’heure du repas. Je lui file la viande coriace de ma soupe, les pommes de terre et le riz que je ne suis plus capable d’avaler, la moitié de ma truite frite (oui, de la belle truite saumonée, très bonne, mais frite…), le dessert dont j’ai pris deux bouchées.

De mon côté, je quête à la cantonade la salade (quand il y en a) de ceux qui n’en mangent pas (il y en a), et je picore sans permission dans l’assiette de mes commensaux pour goûter, au cas où je trouverais quelque chose qui me plaît. Résultat, on rit beaucoup, notamment parce que mes manières ne collent pas trop à l’étiquette, et aussi parce que je commence à pouvoir dire des niaiseries dans mon espagnol un peu moins bancal.

Même chez moi, dans ma cuisine, je reste sur ma faim: les pâtes sont de mauvaise qualité, ma cuisinière chauffe trop ou pas assez, on dirait que je ne réussis plus rien. Sauf ce soir, où j’ai fait une bonne frittata avec plein de légumes. Il manquait juste une bonne tranche de bon pain grillé.

À propos, j’ai acheté le grille-pain d’une collègue qui repartait au Québec.

Je rêvais de sandwiches toastés aux tomates pleins de beurre, de mayonnaise et de laitue croquante, et aussi de toasts au beurre d’arachide et banane, les deux choses que je pourrais manger sans me lasser pendant des semaines.

Hélas. Encore faut-il trouver du pain de mie. Et du beurre d’arachide qui ne soit pas complètement dénaturé.

Pour le beurre d’arachide, mon amie et voisine Ana m’a aimablement offert de me prêter son robot culinaire. On trouve des arachides au marché, ça devrait faire l’affaire.

Pour le pain, malgré un échec annoncé pour cause de four dysfonctionnel, je vais peut-être essayer d’en faire.

Des fois que ça marcherait?

3 réflexions sur “Nourritures (2)

  1. Fabienne, je passe de merveilleux moments en te lisant. A chaque fois tes publications m’enchantent et  souvent me font mourrir de rire et même (pardon !) lorsque c’est toi qui est à l’agonie…
    Continue à nous régaler de tes expériences péruviennes !  Rien que pour ça je veux bien t’envoyer des kilos de mayonnaise et du beurre d’arachide que je déteste !!! 😀
    Françoise. La cousine d’Angers de Jean du Mans… (ouf ! c’est dit…)

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  2. Très intéressant de lire vos sentiments ressentis face à la nourriture. Néanmoins, je me posais une question: ne craignez-vous pas que les verdures soient lavées avec de l’eau impropre à la consommation? Sans vouloir me prendre en exemple j’ajouterais qu’il m’est arrivé de manger des choses moins « appétissantes » mais plus « sûres » (rire).

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