Côte-Nord

Me voici donc à Havre-Saint-Pierre, sur le point de m’embarquer avec mes amis Anne-Marie et Sylvain pour quatre jours de camping sauvage dans l’île Quarry, l’une des innombrables îles, îlots et cayes qui composent l’archipel de Mingan.
Sylvain roule à moto et Anne-Marie se partage entre lui et moi dans mon petit bazou bleu, plein jusqu’au toit. Vous dire le bonheur qui m’habite depuis que j’ai entrepris ce voyage avec ces deux-là! On rit, on mange, on roule, on dort et on recommence, comme ça depuis dimanche, quand nous nous sommes rejoints aux Grandes-Bergeronnes.
Nous avons fait une longue pause de trois jours à Sept-Îles, où nous avons été reçus par des amis d’une amie à eux, maintenant un peu à moi aussi j’espère. On s’est bourrés de homard, de bourgots, de crevettes, de vin blanc, de paysages maritimes et de pure félicité avec des personnes adorables que Sylvain et Anne-Marie ont connues à Inukjuak.
Je vous mettrais volontiers des photos, mais je vous écris sur l’ordinateur du pavillon d’accueil du parc national, et je n’ai pas le fil de mon appareil…
Peu importe, dites-vous que c’est beau.
Je m’arrête ici, on embarque tantôt.

 

Rage au volant

Croyez-le ou non, hier, en arrivant dans la belle et paisible ville de Québec, j’ai été l’innocente victime d’une crise de rage au volant.
Lorsque j’ai garé ma petite nauto devant l’hôtel, j’ai légèrement touché le parechoc du gros VUS noir qui se trouvait derrière moi. Le type à l’intérieur s’est mis à klaxonner comme un malade.
J’ai terminé ma manœuvre de stationnement et je suis sortie, l’air un peu contrit comme il se doit, prête à demander pardon avec mon plus joli sourire désolé. Bien en vain: l’autre, qui était en train de chercher compulsivement des dommages inexistants sur sa précieuse bagnole, a commencé à m’engueuler comme du poisson pourri. «Hé, ho, monsieur, je lui ai dit, je suis désolée, mais on se calme, vous voyez bien que votre voiture n’a rien!
– Ouais, ben on fait attention, tabarnak, crie-t-il, les yeux sortis de la tête, l’air prêt à mordre. Pis c’est même pas un stationnement, icitte!
– Non, en effet, mais c’est un débarcadère d’hôtel, voyez (je lui montre le panneau de signalisation), et je suis précisément en train de débarquer à l’hôtel.
– @#$%@**!!!!!
– Bon, je vous ai dit que j’étais désolée et votre voiture n’a RIEN. Revenez-en.»
Je suis entrée dans l’hôtel avec mon amie Manon, qui m’accompagnait. Quand nous en sommes ressorties, un bon quart d’heure après, le type non seulement était encore là, mais il avait avancé sa bagnole tout contre la mienne, de sorte que je ne pouvais pratiquement plus sortir de ma place de stationnement.
Je m’approche, je cogne à sa vitre, il m’ignore. J’ouvre sa portière, il la tire violemment vers lui en hurlant.
«Bon, mon coco, que je me dis, tant pis pour toi, moi, faut que je sorte d’ici.» Je me mets à manœuvrer – avance, recule, avance, recule… Forcément, j’ai dû toucher à son précieux char d’assaut deux ou trois fois pour réussir à m’extirper de là. Pas le choix.
Pendant ce temps, il klaxonnait sans discontinuer comme un enragé, à tel point que le monsieur de l’hôtel est venu voir ce qui se passait. Je ne sais pas ce qu’il lui a dit, mais bref, alors que nous nous dirigions vers le stationnement, à quelques rues de là, le cuistre s’est mis à nous suivre! Et de très, très près! Misère…
J’avais la main sur mon téléphone, prête à appeler la police, quand il a finalement continué tout droit alors que nous tournions.
Je ne suis pas allée voir ma voiture depuis, mais va savoir: il a peut-être pris un chemin détourné pour aller démolir ma petite nauto à coups de barre de fer ou lacérer mes pneus.