Littéralement, le mot komboloy, si j’en crois Google, se traduit par «souci». En anglais, on appelle cette espèce de petit chapelet worry beads. Les Grecs (les hommes, comme de raison, et surtout les vieux, mais quelques jeunes aussi) l’ont constamment à la main et l’agitent de temps à autre, comme pour conjurer le mauvais oeil, signaler leur présence ou simplement s’occuper au lieu de se préoccuper.
J’ai appris aujourd’hui, en visitant le petit musée du komboloy de Nauplie (eh oui, ça existe, et c’est fascinant!), que les premiers à utiliser les billes ont été les Chinois, pour les abaques – les fameux bouliers. Puis quelqu’un a eu l’idée d’enfiler les billes (je résume, hein), et c’est comme ça qu’on en aurait fait un instrument de prière. Il paraît que le concept du chapelet vient d’un maître spirituel hindou qui l’aurait importé de Chine (je ne cite pas mes sources, je n’en ai pas d’assez fiables). Le mala hindou comptait 108 grains, un pour chaque nom de Dieu. Le bouddhisme (branche de l’hindouisme) a repris l’idée, qui a ensuite essaimé dans l’islam. Chez les musulmans, le chapelet compte 99 grains, un pour chacun des attributs d’Allah. Les croisés ont ensuite importé le concept chez les chrétiens, d’où notre chapelet, lequel (si ma mémoire est bonne) compte cinq dizaines séparées par un grain unique.
Il paraît que les Grecs sont les seuls à avoir adopté l’objet sans lui prêter de connotation religieuse. Je veux bien. Il reste que la dame qui m’a vendu le mien (celui de la photo, en pierre de lune, excusez du peu, avec la petite boule de verre bleu et blanc censée conjurer le mauvais oeil) m’a expliqué la signification et les vertus de toutes les matières (pierres semi-précieuses, ambre, os, corail, nacre, bois de ceci et de cela, noyaux et graines). Il y a un petit quelque chose de superstitieux là-dedans. Mais ne vous y trompez pas: le mien n’a de valeur que sentimentale… et les 25€ qu’il m’a coûté.