À Chefchaouen

Croyez tout ce que vous lirez au sujet de Chefchaouen: c’est probablement la plus jolie ville du Maroc, ce qui n’est pas peu dire. Évidemment, ceci expliquant cela, elle est infestée de touristes et minée par les conséquences que l’on imagine.

Je me sens toujours un peu malvenue de déplorer les effets du tourisme de masse puisque, dans une certaine mesure, on peut dire que je contribue à la chose. Mais le phénomène devient vraiment calamiteux, et, je regrette d’avoir à le dire, c’est en bonne partie à cause des Chinois. Au Maroc en particulier, les autocars les déversent à pleines charretées dans les rues des villes; ils se répandent comme des sauterelles, prennent des zillions de photos n’importe où comme des malotrus, mangent invariablement au seul restaurant chinois du coin et repartent sans avoir dépensé un dirham. Tout ce qu’ils laissent aux «locaux», c’est l’impression d’avoir connu l’une des sept plaies d’Égypte. Une pour chaque jour de la semaine.

Parce que le lendemain, ça recommence.

D’ailleurs, Fatima, la maman du proprio de la maison où je loge, m’a bien fait rigoler quand elle m’a expliqué ça avec ses 10 mots de français. Son expression dégoûtée valait tout le vocabulaire du Petit Larousse.

Fatima est chargée des soins de la maison et de ses locataires. Elle m’a accueillie avec sa gentillesse toute marocaine et l’incontournable thé à la menthe, qu’elle a pris le temps de boire avec moi. C’est comme ça que nous avons pu papoter gentiment entre femmes. Elle a 65 ans, elle a sept enfants (cinq garçons, deux filles) qu’elle a élevés seule parce que son mari est mort d’un cancer du cerveau à 35 ans. Elle était alors enceinte de son dernier, Mehdi, le proprio de la maison, justement, qui vit à Melbourne avec Julie, une Australienne d’origine chinoise. Là encore, sa façon d’expliquer comment la Julie a mis le grappin sur son Mehdi valait de l’or.

Ça fait que Fatima ne s’est jamais remariée. Ça aurait voulu dire avoir d’autres enfants, et, pour elle, c’était hors de question («Non non non! Fini-fini!»).

Je lui ai raconté mon petit bout d’histoire au fil de ses questions («et le papa? Fini-fini? Travail? Fini-fini?»). Nous nous sommes montré des photos de nos enfants, elle a trouvé que Jules me ressemble, bref, nous avons bien rigolé.

Pas mal, comme conversation, pour deux femmes qui ne parlent pas la même langue, non?

Fatima, en train de servir le thé de bienvenue.
Mon petit salom

Encore une histoire de taxi

Parlant de langue, j’ai eu ce matin un imbroglio digne d’une comédie burlesque avec un chauffeur de taxi. On dirait que c’est mon destin.

Pour me rendre de Tanger à Chefchaouen, j’avais réservé un billet de bus de la compagnie CTM, qui couvre la distance en trois heures et en tout confort pour la modique somme de 50 dirhams (environ 7,50$).

La fille de mes logeurs m’ayant expliqué que les entreprises de transport avaient toutes été regroupées dans la nouvelle gare routière, construite à grands frais complètement en dehors de la ville, j’ai hélé un taxi au hasard pour m’y rendre.

Roule pis roule, à un moment donné, un affreux doute s’est emparé de moi. J’ai consulté de nouveau mon billet de bus, puis Google Maps, pour me rendre compte que l’adresse de la gare de départ se situait dans la direction complètement opposée à celle qu’avait prise mon chauffeur, que j’appellerai Mohammed sans trop risquer de me tromper (mais c’était peut-être aussi Ali).

J’ai demandé à Mohammed (ou Ali) de s’arrêter et je lui ai montré l’adresse sur mon téléphone. Mais je crois qu’il ne savait pas lire. Il répondait à mes questions dans un mélange d’espagnol, de français et d’arabe absolument indéchiffrable. J’ai fini par décider de lui faire confiance – après tout, j’étais partie avec beaucoup d’avance, j’aurais toujours le temps de me rendre ailleurs au besoin. Nous avons fini par arriver à cette invraisemblable gare routière toute neuve construite au milieu de nulle part, qui s’élève comme un ridicule et orgueilleux palais de ciment blanc dans ce qui était la campagne il n’y a encore pas si longtemps.

Mohammed (ou Ali) a accepté de m’attendre, le temps que j’aille vérifier si mon bus partait bien de là.

Pantoute, mes amis.

Quand je suis revenue, la mine dépitée et pas trop contente, il a protesté: «Ti me dis gare ritière, ji t’amène gare ritière!» J’ai fait amende honorable – en effet, j’avais dit «gare routière». J’en ai été quitte pour le double du prix de la course (puisqu’il a fait le double de la course) et pour un tour de conduite sportive dans la lointaine périphérie de Tanger.

Ça m’apprendra à lire mes billets de bus comme du monde.

Je vous laisse sur les premières photos de Chefchaouen la Bleue. Profitez-en, on annonce trois jours de pluie (zut), je ne pense pas pouvoir faire mieux. B’slama!

La fois où je n’ai pas vu Toulouse

Me voici donc au chic restaurant Courtepaille (l’équivalent, disons, d’un Normandin au Québec), à quelques mètres à vol d’oiseau du non moins chic hôtel Ibis Budget de l’aéroport de Toulouse, où je passerai la nuit en prévision de mon vol pour Valence, demain matin à 8h.

J’aurais bien voulu flâner un peu dans cette bonne ville que j’aime tant avant de venir m’enfermer dans un hôtel bon marché au bord de l’autoroute, mais les Gilets jaunes, qui soulignaient aujourd’hui le premier anniversaire de leur mouvement, en ont décidé autrement: manif, gaz lacrymo, centre-ville paralysé, on repassera.

Je suis donc restée un peu plus longtemps à Foix, et j’ai pu aller marcher avec ma chère Séverine dans les contreforts des Pyrénées, saupoudrés de la première neige, sous un soleil qui jusque-là nous avait cruellement fait défaut. C’était magnifique, lumineux, bleu, infini, doux comme un velours.

Séverine m’a finalement déposée à la gare de Foix à temps pour le train de 17h05. Je la laisse pleine de soucis, et je maudis le rhume qui m’a empêchée de la distraire, de sortir avec elle, d’alléger un peu son quotidien. J’espère seulement qu’elle finira par sortir de la tempête de merde que lui balance son ex sans se lasser.

Je ne comprendrai jamais ça.

Cette méchanceté, envers quelqu’un qui ne t’a RIEN FAIT, avec qui tu as vécu pendant des années et qui est la mère de tes enfants.

En tout cas.

Je quitte donc la France demain matin.

Quelques constats:

Boucane

Les Français fument. Jeunes (et même très jeunes), vieux, hommes, femmes, ça fume, beaucoup et partout: sur les terrasses, sur les quais de gare ou de tramway, dans les abribus, dans la rue, dans les files d’attente, on a toujours une bouffėe de boucane dans le nez. C’est dégueulasse. En revanche, ils ont la décence de ne pas jeter leurs mégots dans la rue, le croirez-vous? Je n’en ai vu aucun.

Accent

Notre accent québécois «pogne» toujours autant, c’est étonnant. Je ne peux pas vous dire combien de fois j’ai entendu «Rhôôô, l’accent, j’adooooore!» J’avoue que ça m’agace un peu. Mais je refuse de le gommer.

Argent

La vie est chère, très chère, bien plus chère que chez nous, et pour ça on peut comprendre les Gilets jaunes, parce que la fameuse couverture sociale, par ailleurs, est en train de devenir un mouchoir de poche. Exemple: deux mois et demi de congé de maternité! Dix jours pour l’autre parent!

* * *

En tout cas. Mon repas de ce soir a été parfaitement dégueulasse, mais je n’en attendais rien de toute façon.

Je vais donc régler mon addition (à laquelle ne s’ajoutera ni taxe ni pourboire et c’est quand même bien agréable) et remarcher vers mon hôtel.

Demain, même heure, je serai chez mon cher ami Antonio, en train de boire du vin d’Espagne et de parler espagnol.

¡Hasta pronto!

La princesse au Mans

J’ai parcouru sous un crachin hargneux les 800 m qui séparent la maison d’Anne de la gare, où je suis arrivée mouillée comme un chien des rues.

Pendant les deux heures du trajet jusqu’au Mans, j’ai pu admirer à loisir la formidable organisation de cette société, qui a inventé les jardins tirés au cordeau, le pain baguette et le fromage aux artisous, ce qui n’est pas sans paradoxe.

La pointilleuse exactitude des trains était cette semaine contrariée par une autre de ces grèves qui émaillent le quotidien des Français depuis la nuit des temps. En fait, à cause de la grève, certains convois sont annulés. Mais ceux qui arrivent et repartent le font à la milliseconde près. Ainsi, le mien a démarré à 9h22 pile, et il est entré en gare du Mans à 11h26, soit avec deux minutes de retard sur l’horaire prévu.

Il était bondé parce que c’est les vacances de la Toussaint. Quand ils ne sont pas en grève, les Français sont en vacances: deux semaines à la Toussaint. Deux semaines à Noël. Deux semaines en février pour les sports d’hiver. Deux semaines à Pâques.

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir venir vivre au Québec, où on gèle comme des rats en hiver, où on travaille comme des forcenés 50 semaine par année, et où une bouteille de vin et un fromage corrects coûtent une journée de salaire?

Enfin.

Mon ami Jean et sa petite-fille Lia m’attendaient à la gare, joyeux et animés, et nous sommes rentrés à la maison non sans passer prendre quatre belles baguettes bien craquantes à la boulangerie du coin. Que pensez-vous que nous avons fait en rentrant? Eh oui: on a pris l’apéro.

Quand les Français ne sont pas en grève ou en vacances, ils prennent l’apéro. Encore que rien n’interdit de prendre l’apéro quand on est en vacances, ou en grève, ou en toutes circonstances.

Jean, qui se souvenait de l’aversion pour le poulet que j’ai gardée de mon aventure péruvienne, avait eu l’excessive délicatesse de troquer sa traditionnelle volaille du déjeuner dominical pour un rôti de boeuf. Quand je vous dis que ces gens-là sont civilisés!

Remarquez, j’aurais volontiers mangé de ce poulet fermier qu’il achète, selon ce qu’il m’a dit, d’un petit producteur tout près de chez lui. Je sais vivre aussi, quand même.

Des cousins venus d’Angers, deux personnes exquises que j’avais rencontrées il y a des années lors de mon premier séjour au Mans, se sont joints à nous, on a passé un délicieux après-midi malgré le temps gris, à manger, à boire et à deviser interminablement comme dans mes films préférés. Entrée. Plat. Salade. Fromages. Dessert. Café. Miettes et coudes sur la table.

On a fait une partie de jeu de mémoire avec Lia, qui m’a infligé la pire humiliation de ma carrière, puis une de Scrabble, que l’heure du souper nous a obligés à interrompre. Dommage, j’allais gagner.

Demain, direction Langrune sur mer, en Normandie, où Jean doit remettre Lia à sa maman et où nous achèterons des huîtres. Des huîtres. DES HUÎTRES. Des h.u.î.t.r.e.s. Des HUÎTRES!!!

Oui, on en a chez nous, mais elles sont meilleures ici, que voulez-vous.

Là, je suis dans mon lit plein d’oreillers moelleux à souhait, sous une couette de crème chantilly, un vrai lit de princesse, d’où le titre un peu redondant de cette chronique.

Et comme, à cause des vacances de la Toussaint, tous les trains vers Marseille sont complets ou hors de prix jusqu’au 6 novembre, eh bien, mon pauvre ami Jean va devoir m’endurer jusque-là.

Je promets d’être sage.

Enfin, aussi sage que peut l’être une vieille princesse dans mon genre!

En plongée

Ça fait que me voici hospitalisée à Huaraz depuis vendredi pour une forte fièvre qui durait depuis cinq jours. Oui, bon, cinq jours mais pas TOUTE la journée. Enfin, pas au début. On m’a d’abord diagnostiqué une fièvre paratyphoïde B, mais des tests plus poussés ont rejeté cette hypothèse. Comme je ne peux pas écrire beaucoup, notamment pour cause de perfusion dans le pli du coude qui m’empêche justement de le plier, ce coude, je vous mets ce que j’ai publié jusqu’ici sur Facebook. Désolée pour ceux d’entre vous qui auront déjà lu tout ça.

SAMEDI, 14h11 (après un mouvement de panique suscité notamment par mon frère au bout de 12 heures de silence, dont huit de sommeil — mon frère est un grand inquiet)

Les amis! Pas de panique s’il vous plaît. Je suis entre bonnes mains, on va me faire tous les examens possibles pour trouver la raison de cette fièvre, l’hôpital est très bien, mes collègues se relaient à mon chevet et je parle chaque jour avec les gens de SUCO.

Je n’écris pas beaucoup parce que je ne peux pas plier le bras gauche à cause du soluté (on n’a pas trouvé de veine ailleurs que dans le pli du coude).

Voilà.

Je vous tiens au courant s’il y a du nouveau.

SAMEDI, 20h26

Mon vocabulaire espagnol du domaine de la santé est en train de s’enrichir, vous crèèriez pas ça. Y a des avantages à tout.

DIMANCHE, 15h37 (un peu excédée par ma dieta blanda)

Saviez-vous ça, vous autres, que boire de l’eau froide, c’est DANGEREUX?

Ma mère nous disait ça quand on était petits. Elle disait aussi qu’on pouvait attraper la polio (ou la diphtérie?) si on se baignait dans un lac avant le 24 juin, la diphtérie (ou la polio) si on mangeait des pelures de banane (ne me demandez pas pourquoi on aurait fait ça) et que manger des patates crues donnait des vers.

Mais on n’est plus en 1965, là. Adelante, Perú!

LUNDI, 16h14

On attend toujours les résultats des tests. Quand le mot «patient» prend tout son sens.

Et oui, c’est un cliché tellement éculé que, dans mes années de correctrice, j’aurais fouetté le journaliste qui m’aurait pondu ça.

Mais après plus d’une semaine de surchauffe extrême à une température constante de 39 degrés, mon cerveau a des courts-circuits.

J’en peux juste pu. J’ai envie de mordre les infirmières. De me déshabiller tout-nue dans le corridor et de me vider le bidon d’eau minérale sur la tête en hurlant. De lancer mes plats sur le mur. De chanter «En revenant de Rigaud» à tue-tête en pleine nuit.

MARDI, 14h38, avec une photo similaire à celle qui coiffe cet article:

La bruxellose et le cytomégalovirus ayant été éliminés de la liste des suspects, j’ai décidé de me mettre à la plongée sous-marine pour passer le temps d’ici à ce qu’on trouve ce que j’ai.

Sans blague, on soupçonne une pneumonie. Je passe un scan ce soir. J’ai jamais tant souhaité avoir une maladie de ma vie.

MARDI, 18h

Mes amis, je m’ai toute trompée tantôt, la piste du cytomégalovirus n’avait point été écartée pantoute. C’est lui le coupable, dans la salle à manger avec le chandelier (que ceux qui n’ont jamais joué à Clue prennent une douche glacée pour avoir cru que la démence venait de m’attaquer par derrière dans la bibliothèque avec la matraque).

En un mot comme en trois, j’ai ça. Le cytomégalovirus.

La tomodensitométrie a également révélé une pneumonie interstitielle.

On en saura plus demain avec le rapport du radiologue.

Il reste à déterminer si la pneumonie est bactérienne et peut se soigner avec des antibiotiques (j’espère que oui).

Voilà, nous sommes fixés.

À partir de là, comme disent nos amis les Anglais, it’s all downhill. Ça va aller tout seul. Ou presque.

Depuis que j’ai compris que, ici, à l’hôpital, il faut se plaindre et réclamer, je suis très bien soignée. Mes collègues sont incroyables de prévenance et de gentillesse, je me suis découvert à Caraz une amie indéfectible, la nourriture est bien meilleure que dans n’importe quel hôpital québécois (vous me direz que c’est pas dur à battre)… Bref, ne vous inquiétez pas. Je vais survivre.

AUJOURD’HUI, au fil de la journée:

Voilà. Je ne vous copie pas les bas de vignettes, je suis au bout de mon rouleau.

Excusez les «fantaisies» de mise en page, pour la même raison.

Hasta pronto.

La fête des Mères

J’ai grandi en entendant ma mère nous répéter que la fête des Mères n’était qu’un truc commercial inventé pour vendre des fleurs et des chocolats et que ça n’avait aucune importance ni aucun sens.

Malgré tout, j’arrivais inévitablement de l’école avec mes cartes de voeux copiés du tableau noir et mes bricolages (bonjour, collier de macaronis, petit panier de raphia orné de fleurettes en cure-pipes, bocal peint à la gouache, cendrier en pâte d’amiante — oui, oui, mes enfants, de la pâte d’amiante, qu’on manipulait comme de la glaise, et un cendrier, objet désormais disparu de nos vies).

Quand on a commencé à avoir un peu de sous, mon frère Charles et moi, on achetait des cadeaux cheap et inutiles — un beurrier de plastique rouge, un mini-vase de céramique avec de mini-fleurs séchées, des chocolats pris à la tabagie du coin…

Dans mon souvenir, elle n’a même jamais fait semblant d’être émue ou contente. Elle nous répétait qu’on n’aurait pas dû, c’est tout.

Ma mère est morte quand j’avais 17 ans, mais j’avais eu largement le temps d’intégrer dans mon petit schéma personnel que la fête des Mères, la fête des Pères, la Saint-Valentin, l’Halloween, même Noël, tout ça, c’était du chiqué, du toc, du pas-nécessaire.

J’ai commencé à travailler là-dessus quand j’ai eu mon fils. Je ne voulais pas qu’il vive les mêmes désappointements que moi. Je voulais qu’il soit heureux de faire plaisir, et j’ai donc appris aussi à ne pas bouder le mien, de plaisir.

Ça fait que mon fils a presque toujours fait un petit extra pour la fête des Mères. Pour moi, mais aussi pour sa grand-mère.

Aujourd’hui, ma jeune et adorable collègue Nora, que j’appelle Angelita (petit ange) parce qu’elle veille à tout, silencieuse et absorbée dans ses papiers, est venue me voir pour me dire que, aujourd’hui, nous étions invités pour l’almuerzo à la chicharronería d’en face, un resto où nous n’allons jamais sauf en cas de festivités. Comme j’en perds encore parfois des bouts, j’ai pensé que c’était l’anniversaire d’un collègue, quelque chose du genre.

Puis j’ai compris que c’était pour la fête des Mères, qu’ils et elles avaient décidé de souligner aujourd’hui parce que je pars demain pour Huari. Et aussi, je pense, parce que je suis leur aînée à tous, et donc un peu leur maman.

La fête des Mères, au Pérou, on ne rigole pas avec ça.

Nuri, María Isabel et moi avons donc reçu chacune une rose rouge et un petit cadeau joliment emballé, tout ça grâce à Nora (qui n’est pas encore maman) et à nos deux collègues masculins présents, José et Martín, qui ont solennellement pris la parole pour nous rendre hommage. On a trinqué avec un vin rosé sucré, c’était gentil et sympathique comme tout, j’étais vraiment émue.

Comme je pars demain pour une bonne semaine, j’ai donné ma rose à Nora, qui m’a serrée très fort dans ses bras avant de rentrer chez elle, à une heure et demie de route d’ici.

Nuri aussi m’a fait un gros abrazo quand j’ai à mon tour quitté le bureau. Et Maria Isabel m’a crié avec son air de petite fille espiègle « No te vaaaaayaaaaas!» (Ne t’en va paaaaaas!)

Je suis partie le coeur léger, pleine de reconnaissance et d’amour, en me disant: «Vive la fête des Mères, en fin de compte.»

Et c’est ce soir que mon fils, à qui je n’avais pas parlé depuis presque deux mois, a choisi de m’annoncer qu’il s’était racheté une moto.

Un an presque jour après l’accident de l’an passé, le deuxième. dont il s’est miraculeusement sorti indemne.

Comme cadeau de la fête des Mère, disons que Je l’ai mal pris.

Les humains

J’ai donc passé la semaine à Huanchaco, au bord du Pacifique, où il n’a pas fait très beau, où l’eau était plus frette qu’en Gaspésie, où je n’avais rien d’autre à faire que lire, me promener, regarder la mer, parler avec mes hôtes et leurs hôtes (un tas de jeunes personnes fascinantes), observer la vie.

J’ai visité ChanChan, une des plus vastes et des plus anciennes cités précolombiennes d’Amérique du Sud. Je dois dire qu’il n’y a pas grand-chose à y voir, mis à part des reconstitutions de bas-reliefs qui, certes, donnent une idée de la grandeur de cette civilisation mais qui, d’un point de vue muséologique, ne seraient plus du tout faisables de nos jours. Mis à part ça, on devine à des kilomètres à la ronde des vestiges de murs qui s’effacent doucement sous l’effet de l’érosion. C’est à la fois triste et fascinant.

Tatie Fabi a Chan Chan

J’ai aussi visité Huacas de la Luna, les ruines d’une cité pré-inca absolument splendides et troublantes celles-là, où il reste beaucoup plus à voir qu’à ChanChan. On a commencé les fouilles là-bas en 1991, et on pense n’avoir découvert qu’une infime partie du tout. Le problème, c’est que, si on met ces vestiges au jour, on précipite leur destruction à cause des dommages causés par l’érosion et la pollution.

Que faire?

La butte, de l’autre côté de cette vaste plaine, c’est Huacas del Sol, le complexe administratif de la cité de Chan Chan, que les archéologues sont en train d’explorer et qui ne se visite pas. La «plaine», c’est la ville où vivaient je ne sais combien d’habitants. On distingue encore les traces des maisons.

Je ne m’étendrai pas là-dessus, ce serait trop long, mais ça m’a vraiment marquée.

Bien sûr, j’ai arpenté seule les rues du vieux Trujillo. L’architecture me renverse: des balcons, des moucharabiehs, des couleurs de Méditerranée, on se croirait au Maroc. Peu de Sud-Américains savent d’où vient cet héritage. C’est dommage, ça leur ferait voir que les Espagnols n’ont pas pillé que l’Amérique…

En tout cas.

Alors que je marchais le nez en l’air, absorbée par ces considérations, je me suis fait aborder par un monsieur très gentil qui m’a demandé si je cherchais quelque chose. J’ai éclaté de rire et je lui ai dit que non, que je regardais simplement les façades, et puis on a commencé à deviser doucement. Au bout d’un moment, il m’a invitée à prendre une glace. On a choisi maracuya tous les deux, on a parlé de nos vies et de nos familles, il corrigeait gentiment mon espagnol, c’était très sympa.

Après, nous avons marché encore un peu dans la vieille ville, il a répondu à toutes mes questions, il était très galant — il me cédait systématiquement le haut du trottoir, chose que peu de gens savent faire. Au bout d’une heure de promenade et de conversation, il a pris congé comme dans l’ancien temps, très poliment. Nous nous sommes serré la main, fait une bise sur la joue droite comme c’est la coutume au Pérou, et voilà.

Je ne me souviens pas de son nom, il ne se souviendra pas non plus du mien, et peu importe: ce qui compte, c’est que deux êtres humains ont partagé deux heures de communication purement gratuites et complètement agréables. Je pense que c’était son but, à ce gentil monsieur: montrer aux étrangers que le Pérou n’est pas peuplé que de bandits. Parce que les Péruviens, eux, sont convaincus du contraire!

J’ai donc continué à marcher et, sur la grande place, un vendeur de visites guidées m’a lancé quelque chose qui m’a fait rire, mais je ne me rappelle pas quoi au juste. On a commencé à parler, on s’est assis sur un banc, il m’a dit la bonne aventure parce qu’il est soi-disant chaman et qu’il devine tout (j’ai vraiment bien rigolé parce que, sans blague, il m’a dit des choses assez vraies, mais qui sont aussi assez faciles à deviner si on a un peu le sens de l’observation). Il m’a proposé une limpieza (une purification) de mon âme avec des fleurs et de la magie et je ne sais quoi, je lui ai bien sûr dit non merci. Il a aussi proposé qu’on aille prendre un verre, j’ai dit non merci aussi, que je préférais marcher seule. Il n’a pas insisté, on s’est laissés avec cette bise unique sur la joue droite, merci, au revoir, cuídate (prends soin de toi). Pas plus compliqué que ca.

* * *

Quand j’ai quitté Huanchaco pour aller prendre mon bus à Trujillo, je pensais d’abord y aller en taxi: tu t’assois dans l’auto, tu paies 25 soles à l’arrivée, point-barre. Mais il y a plein de bus qui font à peu près le même trajet pour 1,50 sol, et c’est pas une question de fric: c’est juste bien plus sympa! J’ai donc pris le premier qui me laisserait à l’Ovalo Grau (un rond-point important aux abords de la ville). L’auxiliaire du chauffeur a d’autorité posé ma valise dans un coin, où un jeune passager l’a tenue tout du long pour qu’elle n’aille pas valser au milieu de l’allée (ma valise, pas l’auxiliaire!).

Ensuite, j’ai hélé un taxi, qui m’a emmenée à la gare routière en toute sécurité et amabilité pour 5 soles en moins de 10 minutes. On a même trouvé le moyen de parler de religion, imaginez.

Les gens n’arrêtent pas de me dire de faire attention, d’être prudente, de surveiller mon sac, de me méfier, blablabla. Et moi, je dis que si tu fais ça, si tu ne fais confiance à personne, jamais personne ne t’adressera la parole, et tu ne sauras jamais à quel point les habitants du pays que tu visites peuvent être gentils, attentionnés, aimables, compréhensifs.

C’est pour ça que j’aime voyager, finalement: ça me confirme régulièrement que les humains sont fondamentalement bons.

Encore Huari

Ben oui. Encore Huari. J’ai quitté Caraz jeudi à midi, pour prendre le bus de 14h30 à Huaraz au lieu de celui de 17h. Je voulais arriver plus tôt là-bas, avoir le temps de souper tranquille, tout ça.

J’ignorais à quel point ça changerait tout. Faire cette route de jour m’a permis de voir des paysages que je ne pouvais même pas imaginer. Tant de beauté! Des cultures en terrasses jusqu’en haut des montagnes, que tu te demandes comment ils font pour monter jusque-là, et aussi comment ils font pour descendre leurs récoltes.

Des accidents de terrain qui te font voir exactement comment la croûte terrestre s’est soulevée et remise tout de travers, avec des strates verticales tellement surréalistes que le parc du Bic est un amateur à côté de ça.

Je me suis endormie malgré moi pendant une vingtaine de minutes, le temps de franchir le tunnel qui passe sous le plus haut sommet et d’amorcer la descente. Je peux vous dire, pour être restée éveillée au retour, que je n’ai rien manqué de grave. Et que ce que j’ai vu est gravé dans ma mémoire, fût-elle déclinante.

Pour une fois, à Huari, il faisait doux, avec un gentil soleil qui rougeoyait derrière les montagnes vert émeraude. Je n’y ai presque pas cru. Même à cette heure impitoyable à laquelle le soleil disparaît, où on n’a plus qu’à se terrer sous les couvertures (selon ma brève expérience), je n’avais que mon petit cardigan noir, et je n’avais pas froid!

Vendredi, on a passé toute la journée, ma jeune collègue Diana et moi, à bricoler des trucs en prévision de l’atelier du samedi.

Bricoler, absolument: découper du carton, préparer des étiquettes de nom personnalisées pour les participantes, courir à la libreria pour les faire plastifier, écrire des titres sur des affiches, name it. Ça m’a rappelé mes années d’école. Le bristol de couleurs pastel, le son de la tranche (qu’on appelle guillotina en espagnol), l’odeur des stylos feutres… euh, non, pas d’odeur de stylos feutres. De nos jours, on utilise des encres solubles à l’eau. C’est moins toxique, bien sûr. Mais j’aurais bien aimé retrouver cette bonne vieille odeur qui faisait qu’on riait comme des folles après trois ou quatre heures à travailler dans notre petit local d’affichistes, à l’école secondaire.

En tout cas.

On est partis pour Yanagaga bien en retard, mais personne ne semblait s’en inquiéter. Quand nous sommes arrivés, un peu avant 10h, il n’y avait presque personne au petit local communautaire. Nous attendions 25 femmes, l’atelier devait commencer a 9h, j’ai pensé que ce serait un flop total.

Mais non. On dirait que les femmes se sont matérialisées tout d’un coup. On a fini par avoir plus que les 25 attendues. Avec leurs enfants, leurs bébés, leur tricot, elles étaient toutes là, simples, belles, attentives dans la mesure du possible.

On voulait leur dire qu’elles n’ont pas à assumer seules toutes les charges du foyer. Et que leur travail vaut au moins autant que celui de leur mari. Que nous avons des siècles de comportements acquis à transformer.

Ça prendra le temps que ça prendra.

Je ne sais pas dans quelle mesure le message fera son chemin. Mais je peux vous dire que, quand il a été question d’un éventuel pouvoir magique et de ce qu’on pourrait en faire, j’ai évoqué «Cambiar el esposo» (changer le ou de mari), et elles ont toutes, sans exception éclaté de rire.

Ma petite victoire de la journée.

Je mettrai des photos demain, promis.

 

Mondanités

Hier, mon amie Celia m’avait invitée à la fête donnée pour le 69e anniversaire du Club Union, qui réunit toute la bonne société de Caraz. J’y suis allée, bien sûr, et j’ai revu sensiblement les mêmes personnes qu’à la soirée du Nouvel An.

On avait décoré la salle de drapés rouge et blanc, avec des noeuds, des cocardes, des rosettes, des rubans et des falbalas; les chaises de plastique étaient houssées de satin, des roses rouges expiraient dans des coupes de cristal… C’était muy bonito. Le rendez-vous était fixé à 13 h, nous sommes arrivées pile mais, comme de bien entendu, rien n’a commencé avant une bonne heure.

Au Pérou, on aime les cérémonies. Alors on a entamé tout ça avec l’hymne national, un ode à la révolution qui a bouté les Espagnols hors du pays. Puis on a appelé un à un les dignitaires à la table d’honneur — applaudissements, accolades, bises, poignées de main –, et on a fait prêter serment (sur la Bible pis toute) au président nouvellement élu, puis aux membres du comité de direction, puis aux membres du comité des dames, puis aux nouveaux membres tout court (oui, eux aussi, ils ont juré sur la Bible). Discours de l’un, de l’autre et d’un autre encore, applaudissements, congratulations.

On a ensuite remis des certificats de mérite aux membres qui se sont illustrés au cours de l’année. Applaudissements, photos, sourires.

Le vin mousseux, servi depuis un moment déjà, achevait passivement de perdre son gaz dans les flûtes quand on nous a annoncé qu’on allait inaugurer la toute nouvelle galerie des présidents, où sont suspendus, comme son nom l’indique, les portraits des présidents du club depuis sa fondation. Ça se trouve dans une très ancienne (et magnifique) demeure coloniale adjacente. La compagnie s’est donc déplacée pour admirer le tout. Coupe de rubans, photos, discours, applaudissements.

Il était bien 15h quand le repas est arrivé. Jambon serrano en entrée, canard rôti avec riz ET patates (c’est une constante) et un émincé d’oignons crus (ça aussi). L’orchestre s’est mis à jouer, trop fort évidemment: je n’allais plus rien entendre de ce qui se dirait à table.

La danse a commencé avant même que le repas soit terminé. Les Péruviens adorent danser (y a-t-il des Sud-Américains qui n’aiment pas danser?). Ils me regardent tous d’un drôle d’air quand je dis que je ne danse pas. Comme si je disais: «Non, merci, je préfère ne pas respirer.»

La fête avait l’air de vouloir durer, mais je me suis excusée poliment vers 17h. Je n’ai hélas pas réussi à sortit discrètement: j’ai trouvé le moyen de m’enfarger dans la housse d’une chaise de plastique, beding-bedang!

Des fois, je me sens comme Mr. Bean.

Je me suis retrouvée dans la rue, un peu étourdie, tout étonnée qu’il fasse encore jour. Il avait plu, ça sentait bon, le ciel avait des airs de fin du monde, j’ai marché doucement jusque chez moi.

Un petit samedi tranquille.

Feliz Año Nuevo!

Je mets des majuscules dans mon titre parce que, ici, on aime les majuscules.

Et pourquoi pas?

J’ai fini par me faire adopter non pas par une famille de Chimbote (qui n’avait du reste jamais entendu parler de moi), mais bien par la propriétaire de mon appartement, Chela, laquelle vit à Lima. Je vous passe les détails, mais bon, je me suis retrouvée avec elle au club social de Caraz, vêtue aussi chic que je pouvais (c’est-à-dire pas très, mais c’était absolument pas grave).

Le billet d’entrée coûtait 60 soles (24$) et comprenait brindis (toast de pisco sour), repas, mousseux, cotillónes (sifflets, ballons, crécelles), orchestre, en tout cas, un paquet de trucs, le tout dans une salle beaucoup trop grande, éclairée au néon, où j’ai cru que je ne me réchaufferais jamais.

Nous, les Québécois, on se trouve bien braves de vivre dans des 20 degrés en-dessous de zéro. Hahaha! Ici, pas de chauffage dans les maisons. S’il fait 10 degrés la nuit, tu t’arranges avec des vêtements et des couvertures. Prendre sa douche, dans ces circonstances, demande une certaine préparation psychologique parce que, même si tu peux espérer de l’eau chaude, tu sais que tu vas quand même grelotter dès qu’un bout de beau échappera au jet (et jusqu’à ce que tu te sois rhabillé).

J’dis ça, j’dis rien. En tout cas.

Donc, dans cette salle immense ouverte à tous les vents, nous sommes arrivées, Chela et moi, à l’heure de l’ouverture des portes, à 20h. Rien n’était commencé, il n’y avait presque personne, les tables n’étaient pas mises, quelques jeunes femmes posaient des bouquets de fleurs jaunes un peu au hasard, puis des serviettes, des couverts… Au fur et à mesure, quand des gens arrivaient, Chela me présentait comme una amiga. Ici, tout le monde se fait une bise sur la joue droite, alors j’ai embrassé une incroyable quantité de joues droites en disant buenas noches, qué tal, mucho gusto, gracias. Quand le repas est enfin arrivé, il était bien passé 22h, je mourais de faim et de froid. Heureusement, c’était sorprendientemente très bon. Dinde, riz, pommes de terre, légumes. Avec bien sûr un petit plat de sauce muy picante qui a disparu le temps de le dire. Même moi, j’en ai manqué.

Chela a été adorable de gentillesse. Je l’avais prévenue que je ne danserais pas (j’ai ma fierté), mais, à un moment donné, ç’a été plus fort que moi (j’aime quand même ça) et j’ai fini par céder. Au bout de cinq minutes, à bout de souffle, je me suis dit que je vieillissais décidément plus vite que je ne croyais et je me suis maudite de haïr l’exercice… jusqu’à ce que je réalise que ce n’était pas ma faute, mais celle de l’altitude. Fiou!

Chela a expliqué ça à notre tablée, où j’ai été reçue comme une soeur, une cousine, une amie, et où le vin, les voeux et les sourires ont circulé comme le sang dans le coeur. À minuit moins quelque, comme il se doit, le compte à rebours a commencé. Les néons se sont éteints, chacun s’est emparé de sa crécelle et de son sifflet pour accueillir en fanfare le Nouvel An. La tradition veut aussi que l’on mange 12 raisins verts, un pour chaque mois de l’année qui vient, en faisant un vœu à chacun. Joli, non?

Après, j’ai observé sans me lasser ces femmes vêtues de robes hyper moulantes, souvent des modèles de Botero, en talons vertigineux, qui dansaient d’un air un peu absent, l’ai de ne pas y penser… Mon Dieu, combien de fois me serais-je rétamée sur le terrazzo, chaussée comme ça?

Un réveillon en robe d’été?

J’étais bien tranquille dans l’inconfort absolu de mon sofa neuf, en train de lire sur mon Kindle un roman de Mario Vargas Llosa (en espagnol, oui, je suis assez fière), quand j’ai entendu mon proprio m’appeler d’en bas: «Fabiana? Fabiana?» (C’est mon nom, ici, j’aime assez ça.)

Il m’invitait à faire la connaissance de sa maman, qui est ici pour les Fêtes. Je suis descendue, on a placoté un buen ratito. Celia (la maman) est adorable, fine comme de la soie. Les deux, en fait. J’ai bien sûr cherché mes mots, trébuché dans mes conjugaisons, probablement inventé des vocables et des consonnes et des temps de verbes, mais on a quand même réussi à avoir une conversation. Surtout, Celia parle avec une telle clarté, j’ai compris sans effort TOUT ce qu’elle me disait, un vrai miracle.

D’une chose à l’autre, il se trouve qu’ils vont demain à un réveillon dans un club social de Caraz. Et ils ont eu la gentillesse de m’inviter. Hein? Qu’est-ce que vous dites de ça?

Bien sûr, j’ai dit oui.

Remarquez, je ne suis pas au bout de mes peines, parce que hé! Comment je m’habille, là? Est-ce que mon éternelle robe d’été préférée va faire la job? Avec pas de talons hauts? Quand on sait comment les femmes s’habillent et se maquillent et se coiffent ici, heu… Bon, pas grave, je suis canadiense, je suppose que ça me donne un peu le droit d’avoir l’air d’une bûcheronne. Pis je pense que j’ai apporté mon collier de perles, ça devrait compenser pour les sandales à talon plat.

Ça fait que, à 20h demain soir, la pauvre orpheline seule et abandonnée d’avant-hier, dépourvue de marraine-fée qui lui procurerait une tenue digne de la soirée, va quand même faire son entrée dans la bonne société de Caraz.

C’est drôle, la vie.

Je vous souhaiterai bonne année demain.